Cette décision répond à la récente menace de la Maison Blanche de relever de 10% à 25% les tarifs douaniers sur 200 milliards de dollars d'importations en provenance de Chine, a expliqué dans un communiqué le ministère chinois du Commerce.
"La date d'application" de ces nouvelles surtaxes douanières par le géant asiatique "est suspendue aux actions des Etats-Unis", a-t-il précisé.
Dans le détail, les surtaxes douanières élaborées par Pékin, qui s'échelonnent entre 5% et 25%, s'appliqueront à 5.207 types de produits américains, a précisé dans un communiqué distinct le ministère chinois des Finances.
Ces surtaxes visent notamment une large variété de produits agricoles, dont le boeuf, des textiles, des composants chimiques, de petits avions et pièces aéronautiques, ou encore le gaz naturel liquéfié, mais également... un type de préservatifs, menacé d'être taxé à 25%.
La Chine se réserve le droit d'adopter "d'autres contre-mesures", ajoute le ministère du Commerce, avant de marteler: "toute menace ou tout chantage unilatéral ne fera qu'exacerber les différends".
Cette menace de représailles intervient alors que le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a exhorté les Etats-Unis à "garder la tête froide": "la coopération est le seul choix possible" pour les deux pays, a-t-il lancé, selon l'agence étatique Chine nouvelle, après une rencontre vendredi à Singapour avec le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo.
Mais si le régime communiste ne ferme pas la porte à une reprise des pourparlers, seul "un dialogue sur la base du respect mutuel et un pied d'égalité" constitue "une voie efficace", souligne le ministère du Commerce.
"Comportement préjudiciable"
Le conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, a immédiatement réagi à l'annonce de Pékin: "la Chine ne doit pas sous-estimer la détermination du président (Donald) Trump d'aller encore plus loin", a-t-il lancé à des journalistes.
Le pays "est dans de beaux draps, son économie pâlit, les investisseurs s'enfuient, sa devise plonge", a-t-il ironisé.
La Maison Blanche accuse la Chine de pratiques "déloyales" et de "vol de propriété intellectuelle", l'enjoignant de réduire de 200 milliards de dollars son excédent commercial annuel avec les Etats-Unis et d'ouvrir davantage son marché aux firmes américaines.
Après des tarifs douaniers supplémentaires sur l'acier et l'aluminium chinois, des surtaxes douanières sur 34 milliards de dollars d'importations de biens chinois ont été imposées début juillet par Washington. Pékin avait aussitôt répliqué en taxant le même montant d'importations provenant des Etats-Unis.
Mais Washington a, une semaine plus tard, tiré une nouvelle salve en dressant une liste supplémentaire de produits chinois importés (cuir, composants chimiques, pneus...) d'un montant de 200 milliards de dollars par an, qu'ils menacent de taxer dès septembre.
Ce sont les tarifs douaniers sur ces produits que Washington envisage désormais de relever drastiquement: "une option supplémentaire pour encourager Pékin à changer sa politique et son comportement préjudiciables", a assuré mercredi le représentant américain au Commerce (USTR), Robert Lighthizer.
Repli du yuan
Pour le régime communiste, la responsabilité de l'escalade est imputable aux Etats-Unis, qui "n'ont eu de cesse d'aggraver toujours davantage la situation, au mépris des intérêts des entreprises et consommateurs des deux pays", selon le ministère du Commerce.
Ces représailles étaient "nécessaires (...) pour défendre la dignité du pays et les intérêts de son peuple et préserver le libre-échange", ajoute-t-il.
Certes, la stratégie du "dent pour dent" sur les droits de douane pourrait trouver ses limites, la Chine important presque quatre fois moins qu'elle n'exporte vers les Etats-Unis...
Le pays asiatique pourrait toutefois absorber plus facilement les contrecoups économiques, grâce à des mesures de relance budgétaire, tandis que le récent repli du yuan avantage les exportateurs chinois.
Donald Trump avait d'ailleurs accusé récemment Pékin de "manipuler sa monnaie" à son avantage.
Mais cette glissade rapide du yuan, au plus bas depuis plus d'un an face au dollar, est à double tranchant, susceptible aussi d'accélérer les fuites de capitaux hors de Chine et d'affoler le système financier local...
Signe de la grande prudence des autorités, la banque centrale chinoise (PBOC) a dévoilé vendredi des mesures réglementaires pour enrayer les transactions à la baisse sur la devise.
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