Au premier tour qui s'est tenu le 29 juillet, M. Keïta, 73 ans, a remporté 41,42% des voix, a indiqué jeudi soir le ministre de l'Administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf, lors d'une annonce impromptue à la télévision publique ORTM, après plusieurs jours d'attente et de spéculations fiévreuses sur les résultats.
"IBK" (ses initiales) retrouvera le 12 août au second tour Soumaïla Cissé, qui a recueilli 17,8% des voix, selon ces résultats officiels provisoires.
La communauté internationale, présente militairement avec la force française Barkhane, qui a pris le relais de l'opération Serval déclenchée en 2013 contre les jihadistes, et avec les Casques bleus de l'ONU, attend du vainqueur une relance de l'accord de paix signé en 2015 par le camp gouvernemental et l'ex-rébellion à dominante touareg, dont l'application accumule les retards.
Malgré cet accord, les violences jihadistes ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.
L'homme d'affaires Aliou Diallo arrive en troisième position avec 7,95% des suffrages et l'ancien chef de gouvernement de transition (avril-décembre 2012), Cheick Modibo Diarra, complète le quatuor de tête avec 7,46%, loin devant les 20 autres candidats.
Le moment de l'annonce, à la veille du dernier jour légal pour la proclamation des résultats, a surpris les habitants de ce vaste pays d'Afrique de l'Ouest, et même les partisans des deux principaux candidats, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Grâce à vous, je suis en tête", s'est félicité sur le compte Twitter de sa campagne le président sortant. "Ceci est une preuve évidente de votre confiance accordée", a-t-il ajouté. A son quartier général de campagne une quinzaine de ses partisans affichaient des mines triomphales.
Président en ballottage
"Je m'attendais plutôt à un seul tour, les électeurs en ont décidé autrement", a déclaré Mamadou Wague, militant d'un parti de la majorité, prédisant une victoire encore "plus emblématique qu'en 2013" de son candidat, qui l'avait alors emporté avec plus de 77 % des voix.
A contrario, l'ambiance était morose parmi la quinzaine de militants de l'Union pour la République et la démocratie (URD), le parti de Soumaïla Cissé, réunis au siège de cette formation.
"Pour la première fois dans l'histoire de la démocratie malienne, un président en exercice est contraint à un 2e tour", a pourtant souligné le chef de l'opposition sur Twitter, estimant que le projet de le faire réélire au premier tour avait échoué "malgré la fraude".
Mais Abdoulaye Askofare, un militant de l'URD, ne cachait pas son amertume. "17%, c'est pas vrai, c'est pas vrai", répétait-il." Tous les partis de l'opposition doivent rejeter ces résultats", a-t-il dit.
Pour l'emporter, Soumaïla Cissé devra faire le plein des voix des autres candidats.
Un rassemblement en ce sens s'est esquissé mercredi, les deux tiers des candidats affirmant qu'ils n'accepteraient pas les résultats "affectés par des irrégularités".
Le directeur de campagne de Soumaïla Cissé, Tiébilé Dramé, s'est félicité à cette occasion de la constitution d'un "embryon de front +Tout sauf IBK+", estimant que ce dernier était "isolé".
La participation a été de 43,06%, un taux plutôt supérieur à la moyenne habituellement observée dans ce pays connu pour son rayonnement culturel, mais où moins d'un tiers des plus de 15 ans sont alphabétisés.
En outre, elle a été affectée par une série d'attaques jihadistes présumées qui ont perturbé le vote, essentiellement dans des zones rurales du centre, malgré la mobilisation de plus de 30.000 membres des forces de sécurité, nationales et étrangères.
Quelque 700 bureaux de vote sur 23.000 n'ont pas pu ouvrir en raison d'incidents violents, selon le gouvernement, mais les missions d'observation nationales et internationales ont salué le déroulement du scrutin sur le reste du territoire.
"Quiconque remportera cette élection ne sera qu'une marionnette entre les mains de la France et des pays croisés", a affirmé la principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, en revendiquant des tirs de roquettes qui ont visé le jour du vote le camp de force de l'ONU à Aguelhok (nord-est).
Le Touareg malien Iyad Ag Ghaly, chef de cette alliance et dirigeant d'un des groupes islamistes qui s'étaient emparés de tout le nord du Mali en 2012, s'était invité dans la fin de campagne, fustigeant dans une vidéo les "crimes" de l'armée malienne et l'élection, source "d'illusions".
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