Non loin de Guéret, dans un décor bucolique près d'un lac, la start-up en biotechnologie Carcidiag Bio-Tech a mis au point cet examen effectué à partir des prélèvements de la biopsie, dont elle s'apprête à commercialiser son premier millier d'exemplaires à destination des laboratoires.
"Notre système permet, ce qui n'avait jamais été fait jusqu'à aujourd'hui, de marquer les cellules souches cancéreuses, aussi dites cellules initiatrices de tumeurs. C'est la famille de cellules cancéreuses la plus agressive, résistante aux traitements et surtout celle à l'origine des métastases", explique Vincent Carré, le biologiste cofondateur et directeur scientifique de l'entreprise.
Une protéine d'origine végétale va "détecter des sucres à la surface des cellules souches cancéreuses qui sont particuliers", précise son adjointe et associée, la biologiste Aurélie Lacroix. De quoi "qualifier l'agressivité du cancer à un stade très précoce, ce qui donne une indication précieuse sur le protocole de soins et permettra aux oncologues de mettre en place un traitement ciblé sur mesure".
"Jusqu'à aujourd'hui, on n'était pas capable de tracer ces cellules souches du cancer, qui sont les plus véloces et s'autoreproduisent. Notre kit permettra aussi de faire avancer la recherche, notamment en testant des protocoles ciblés contre les cellules souches in vitro. Notre ambition étant dans un second temps de trouver comment confiner ou bloquer la réplication de ces cellules responsables des métastases, et à terme de les détruire", dit Alain Queyroux, le médecin ORL qui préside le comité scientifique chargé d'accompagner le développement de Carcidiag.
A ses côtés siègent de grands noms de l'oncologie comme Béatrix Barry, présidente de la société française de cancérologie cervico-faciale ou encore Christophe Ginestier, spécialiste du cancer du sein au centre de recherche en cancérologie de Marseille et chercheur à l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale).
Carcidiag vise maintenant d'autres maladies "comme le cancer du sein ou le cancer ORL et ce sera très prometteur car ce sont des pathologies qui sont assez répandues et qui peuvent avoir un pronostic assez défavorable", explique dans son laboratoire marseillais Christophe Ginestier, qui a participé à la découverte des cellules souches cancéreuses il y a une quinzaine d'années.
Faible coût
"On peut penser qu'à l'échelle de cinq à six ans, si tout se passe bien, ce produit pourra être intégré dans la pratique clinique de routine", ajoute-t-il.
Déjà breveté pour le cancer colorectal, le dispositif le sera prochainement pour les cancers des voies aéro-digestives, les cancers hormono-dépendants (prostate, ovaires…) et gynécologiques, c'est-à-dire les plus répandus, confirme Carcidiag.
En attendant, la labo creusois mise sur le "faible coût" de son kit, 300 euros, pour convaincre les anatomopathologistes d'ajouter à leur panoplie de tests ce nouvel examen effectué après prélèvement des cellules lors des biopsies.
"Nous avons engagé les démarches pour faire homologuer nos kits pour le remboursement notamment par les mutuelles, mais le processus est long et dans l'immédiat le recours à notre diagnostic se fera sur prescription du professionnel de santé, aux frais du patient alors qu'il peut faire gagner un temps précieux au malade, et lui éviter de subir des traitement douloureux et pénibles moins finement ciblés", explique à Guéret Christian Laurance, l'administratif de l'équipe.
Avec seulement six salariés, l'entreprise embauchera deux personnes d'ici la fin de l'année, pour lancer la production en petite quantité de ses premiers kits dans la Creuse.
Financée par emprunts bancaires, crowdfunding et subventions des collectivités locales, Carcidiag vise un développement rapide à l'international en Europe, en Russie, en Asie et en Amérique du nord dès l'an prochain.
A terme, pour ce qui concerne les pays développés ou en voie de développement, l'entreprise estime que le potentiel de son marché se situe autour de 50.000 kits annuels vendus par pays.
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