"Rien, rien sauf la force menaçant la sécurité de notre navire (...) ne nous fera renoncer à notre triple mission: sauver, protéger, témoigner", a souligné mercredi matin Francis Vallat, président de SOS Méditerranée France lors d'une conférence de presse.
Le bateau à la coque orange et blanche affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans Frontières (MSF) doit quitter à 18H00 le port de Marseille, où il était en escale technique depuis un mois, pour reprendre ses missions de sauvetage au large de la Libye en Méditerranée "avec le même engagement" et "des convictions renforcées", a insisté M. Vallat.
"Malgré le contexte confus, nous repartons de manière responsable, sans provocation, mais nous repartons en étant fermes sur l'exigence que soit rendue possible notre action de sauvetage: sauver les personnes de la noyade, mais aussi aller dans un port sûr et le plus proche possible", a ajouté le président de l'ONG basée à Marseille, qui refuse de débarquer les rescapés dans les ports libyens.
"Nous agirons sous la coordination des autorités légales, ça a toujours été notre attitude et ça le restera aussi longtemps que la sécurité du navire ne sera pas menacée et qu'on n'exigera pas de nous un retour direct ou indirect en Libye", a prévenu M. Vallat.
L'ONG rappelle qu'elle ne fait qu'appliquer la loi maritime qui prévoit que "tout navire se doit de porter assistance à toute personne en danger sans autre considération".
Augmentation du stockage de nourriture, amélioration des sanitaires, traitement des déchets pour éviter les épidémies: les militants ont mis à profit l'escale marseillaise pour améliorer les capacités d'accueil de "l'ambulance des mers" et tirer les leçons de son errance début juin.
"Sept fois plus de morts"
Dans la nuit du 9 au 10 juin, l'Aquarius, avec 630 migrants à bord, s'était vu refuser l'accès à Malte et en Italie, le nouveau ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini, chef de La Ligue (extrême droite), ayant refusé d'ouvrir ses ports au bateau. L'odyssée du navire s'était achevée le 17 juin dans le port espagnol de Valence, après une proposition d'accueil du nouveau président du gouvernement espagnol, le social-démocrate Pedro Sanchez.
Critiquée pour ne pas avoir proposé d'ouvrir ses ports aux navires en détresse, la France avait finalement pris l'engagement d'accueillir des migrants pouvant prétendre au statut de réfugié. 78 d'entre eux sont finalement arrivés dans l'Hexagone.
"On ne supporte pas de devoir observer ce drame depuis les côtes", a poursuivi Aloys Vimard, coordinateur du projet MSF sur l'Aquarius. Les militants qui ont vécu l'attente comme "extrêmement longue" sont "soulagés de reprendre la mer", a renchéri M. Vallat: selon lui, "sept fois plus de morts" ont été recensés au mois de juin en Méditerranée centrale par rapport à l'année dernière, soit 721 personnes, "du fait de l'absence des navires des ONG".
Depuis son départ du port de Marseille en février 2016, l'Aquarius a sauvé 29.318 hommes, femmes et enfants de la noyade, dont 2.979 depuis le 1er janvier 2018, précise dans un communiqué SOS Méditerranée, selon qui depuis 4 ans, au moins 15.000 hommes, femmes et enfants sont morts noyés en Méditerranée en tentant la traversée sur des embarcations de fortune.
Une tribune de soutien aux missions de l'Aquarius signée par quelque 500 personnalités a été publiée mercredi sur le site du Monde. Les signataires, parmi lesquels l'animateur et producteur Yann Barthès, l'ex-footballeur Lilian Thuram, l'essayiste écologiste Pierre Rabhi ou la journaliste Anne Sinclair, y réfutent notamment l'idée que l'Aquarius serait "complice du drame humanitaire qui se joue en Méditerranée": "Son seul et unique objectif est de sauver des vies en mer: empêcher que des femmes, des hommes et des enfants se noient".
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