L'ancien guérillero de 72 ans doit présider en fin de journée la cérémonie organisée pour le 39e anniversaire de l'armée de l'air.
Dans ce pays pauvre d'Amérique centrale, qui a vécu deux guerres dans les années 1970 et 1980, les militaires jouent un rôle crucial et des voix s'élèvent pour réclamer leur intervention contre les groupes paramilitaires proches du gouvernement.
En plus de trois mois de crise, l'armée s'est exprimée à de rares occasions: elle s'est engagée à ne pas réprimer les manifestants et a appelé au dialogue et à la fin des violences.
Mais son attitude est parfois ambiguë: quand le président Ortega est apparu en public pour la première fois depuis le début des manifestations en avril, il était escorté par le chef des armées, le général Julio César Avilés. Et des habitants ont signalé la présence de soldats ou ex-militaires dans les interventions des forces de l'ordre.
L'armée du Nicaragua est issue de la guérilla du FSLN qui a renversé le dictateur Anastasio Somoza en 1979 et compte 13.000 membres pour un budget de 75 millions de dollars, selon le rapport en 2016 du groupe d'experts Réseau de sécurité et défense d'Amérique latine.
Lundi soir, dans une série d'entretiens à des chaînes d'information internationales, le dirigeant de gauche est revenu sur la profonde crise que traverse son pays depuis la mi-avril, paralysant l'économie.
Il a commencé par assurer que la situation était revenue à la normale.
"Il y a encore 15 jours, le pays était paralysé, mais il est en train de se redresser. Nous entamons un cycle agricole qui démarre bien et l'industrie dans les zones franches travaille déjà normalement", a-t-il assuré dans l'interview à CNN en espagnol.
- Contacts avec l'ONU -
"Le pays tend à se stabiliser dans le domaine économique et commercial. Il tend à se normaliser, l'économie va redémarrer", a-t-il ajouté, admettant que le secteur le plus touché était celui du tourisme.
Concernant les paramilitaires accusés par les ONG et l'opposition d'exercer des violences contre les manifestants, le président de gauche a expliqué qu'il s'agissait de "policiers volontaires", sans condamner leurs actions.
Daniel Ortega a aussi ironisé sur l'éventualité de consulter les Nicaraguayens pour avancer les élections de 2021 à 2019, comme le proposent les médiateurs du dialogue et l'opposition, avant d'opposer un refus catégorique.
"On pourrait demander aux gens, bien sûr. Si ils disent +oui+, on convoque des élections anticipées. Et si les gens disent +non+, ils vont dire qu'on a fraudé. Pourquoi ? Parce que les réformes qui sont nécessaires, les mécanismes, tout le travail qu'il faut faire pour renforcer le système électoral demande aussi des moyens" financiers, a déclaré M. Ortega.
"Des élections anticipées, cela n'aurait aucun sens" car l'opposition nicaraguayenne "n'accepte aucune alternative au départ" de ce gouvernement, a-t-il tranché.
De son côté, l'opposition doit manifester à nouveau mardi à Managua en soutien aux personnels de santé qui ont été licenciés pour avoir porté assistance aux blessés durant les protestations.
Le Nicaragua est en proie depuis le 18 avril à un mouvement de contestation antigouvernementale durement réprimé, qui a fait plus de 300 morts et 2.000 blessés, selon plusieurs organisations des droits de l'Homme.
Un chiffre également contesté lundi soir par le président de gauche qui accuse les ONG d'être "politisées" et dévoile un nouveau bilan officiel de "195 décès".
“Ces chiffres (des ONG) n'ont pas été affinés, n'ont pas été vérifiés. Ce sont des plaintes qu'ils reçoivent et additionnent, additionnent et additionnent", a déclaré M. Ortega sur CNN en espagnol.
Enfin, concernant une éventuelle reprise des négociations, Daniel Ortega s'est dit lundi disposé à ouvrir le dialogue à d'autres acteurs "qui puissent renforcer le travail qu'a déjà réalisé l'église" et a dit avoir pris contact avec "le secrétaire général des Nations unies".
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