Ancien militaire allemand et figure de la scène néonazie de Düsseldorf, Ralf Spies encourait la prison à vie pour 12 tentatives de meurtres.
L'acquittement de l'accusé de 52 ans se dessinait depuis le mois de mai, lorsqu'il avait été remis en liberté par la cour qui considérait que les éléments à charge étaient insuffisants.
Le suspect avait toujours nié avoir posé puis déclenché à distance la bombe le 27 juillet 2000 dans la gare de train de banlieue de Wehrhahn à Düsseldorf.
L'attaque avait fait 10 blessés parmi un groupe de personnes originaires de pays d'ex-URSS sortant d'un cours d'allemand. Six des victimes étaient de confession juive. L'une d'elles, une Ukrainienne enceinte de cinq mois, avait perdu son bébé. Son mari a lui failli mourir.
L'attaque avait ébranlé l'Allemagne et déclenché 55 ans après la chute du IIIe Reich un vif débat sur la violence d'extrême droite à laquelle le pays est régulièrement confronté.
Ralf Spies avait été interpellé en février 2017 parce que la police avait obtenu notamment le témoignage d'un codétenu en 2014 à qui il aurait confié lors d'une brève incarcération avoir "fait sauter des +basanés+ dans une gare", des aveux contestés par la défense.
Un autre codétenu a aussi témoigné que l'accusé lui avait fait des confidences en affirmant qu'il avait qualifié la mort du bébé à naître "d'euthanasie réussie".
En mai, le tribunal avait jugé leurs déclarations "pas suffisamment étayées", tandis que la défense qualifiait son client d'"affabulateur", rapporte l'agence DPA.
Face à l'imminence d'un acquittement, les parties civiles avaient exprimé leur incompréhension et leur colère avant le verdict: ça sera "la pire erreur judiciaire de l'Histoire judiciaire de Düsseldorf", avait estimé l'avocat Juri Rogner.
Malgré tout, le parquet s'est démené pour obtenir la condamnation de celui qui tenait à l'époque des faits un magasin de surplus militaire voisin de l'école de langues où étudiaient les victimes.
Ralf Spies "se sentait investi d'une mission, celle de garder son quartier +propre+", a plaidé la semaine dernière le procureur Ralf Herrenbrück, convaincu de la culpabilité de l'accusé.
Entendu peu après l'attentat, le suspect avait déjà été relâché, faute de preuves. L'enquête s'était ensuite enlisée pendant de longues années, malgré près de mille interrogatoires.
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