L'attaque s'est produite dimanche dans la région de Danghara, à 150 kilomètres au sud de la capitale Douchanbé. Un groupe de sept cyclotouristes étrangers, dont un Français, a été renversé par une automobile dont le conducteur a ensuite pris la fuite.
Après avoir dans un premier temps évoqué la piste de l'accident, les autorités tadjikes ont annoncé lundi que les suspects "avaient des couteaux et des armes à feu" et qu'un des touristes avait été blessé à l'arme blanche.
"Nous étudions toutes les pistes", y compris celle d'un vol, a déclaré aux journalistes le ministre tadjik de l'Intérieur, Ramazon Hamro Rahimzoda. "Pour le moment, nous ne pouvons pas dire avec certitude s'il s'agit d'un acte terroriste ou d'un autre crime."
Mais dans un communiqué en arabe diffusé en ligne et relayé par le groupe spécialisé dans la surveillance des réseaux jihadistes Site, l'EI a revendiqué cette attaque, menée par "un détachement de soldats du califat" autoproclamé contre "des citoyens de pays de la coalition croisée".
A la suite de cette rare attaque jihadiste au Tadjikistan, pays voisin de l'Afghanistan où les forces locales appuyées par celles de l'Otan combattent à la fois l'EI et les talibans, le président Emomali Rakhmon a appelé à renforcer la sécurité nationale.
Deux Américains, un Suisse et un Néerlandais ont été tués dans cette attaque, tandis qu'un autre Suisse et un autre Néerlandais ont été blessés.
Le septième touriste, un Français qui se trouvait en queue de peloton, en est sorti indemne. Il est interrogé par la police et, a dit une source diplomatique française à l'AFP, l'ambassade au Tadjikistan "s'emploie à faciliter son retour en France".
Selon la police, au moins quatre suspects ont été arrêtés et cinq autres tués dans des opérations pour retrouver les responsables de l'attaque. L'un des suspects abattus par la police, un Tadjik de 21 ans, est le propriétaire présumé de la voiture qui a fauché les touristes.
"Sous le choc"
Selon le ministre, l'un des deux touristes blessés l'a été par "un coup de couteau" et se trouve à l'hôpital dans un état "stable".
Un cyclotouriste belge, Nicolas Moerman, arrivé sur les lieux juste après l'attaque, a raconté à la radio-télévision publique flamande VRT avoir vu "plusieurs cyclistes sur le sol, certains complètement sous le choc".
"J'ai demandé ce qu'il s'était passé et la première chose que quelqu'un m'ait dite, c'est qu'ils avaient été percutés par une voiture et que les gens qui en étaient sortis avaient commencé à les poignarder", a-t-il déclaré.
Le Néerlandais tué, un homme de 56 ans, était avec sa compagne de 58 ans, également originaire des Pays-Bas, selon le ministère néerlandais des Affaires étrangères.
Le ministère suisse des Affaires étrangères a pour sa part appelé à "faire la lumière sur ce grave incident".
"Année du tourisme"
L'attaque a eu lieu sur la partie la plus méridionale de la voie touristique M41, plus connue sous le nom de route du Pamir, qui relie le Kirghizstan, au nord, à l'Afghanistan, au sud du Tadjikistan.
Construite à l'époque soviétique, elle est prisée par les passionnés de cyclisme pour ses tronçons en haute altitude, avec des cols culminants à plus de 4.500 mètres, et ses paysages désertiques.
Le Tadjikistan, une petite ex-république soviétique d'Asie centrale majoritairement musulmane et qui est le plus pauvre des pays issus de l'ex-URSS, est dirigé d'une main de fer par le président Rakhmon depuis 1992.
Après une sanglante guerre civile dans les années 1990, les autorités tadjikes ont fait de la lutte contre l'intégrisme religieux une priorité, prenant en 2015 des mesures radicales telles que le rasage forcé des barbes, des restrictions pour le pèlerinage annuel à La Mecque et une campagne contre le port du hijab.
L'année 2018 a été déclarée "année du tourisme" au Tadjikistan et les fonctionnaires avaient été avertis qu'ils seraient limogés et considérés comme des "traîtres" s'ils exigeaient des visiteurs le versement de pots-de-vin.
Le nombre des touristes a quadruplé dans les cinq premiers mois de l'année sur un an, selon le chef de l'Etat. Le tourisme y reste cependant relativement peu développé, avec 414.000 arrivées en 2015, selon les chiffres de la Banque mondiale.
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