Entendu le 20 juillet comme témoin par les juges d'instruction, le ministre socialiste des Affaires étrangères de 2012 à 2016, actuel président du Conseil constitutionnel, a fait valoir qu'"aucun élément d'information" ne lui était parvenu concernant le maintien en Syrie de la multinationale au prix d'arrangements financiers avec des groupes armés, dont l'organisation Etat islamique, selon son audition révélée par Le Monde et qu'a pu consulter l'AFP.
"Si la question est de déterminer si je savais ou non qu'il y avait une usine Lafarge en Syrie, je n'ai pas de souvenir précis", a déclaré le ministre lors de cette audition. "Je n'ai jamais été saisi d'une question concernant Lafarge, je suis catégorique", a-t-il martelé.
Depuis plusieurs mois, l'enquête a soulevé des questions sur ce que savaient ou non les autorités au sommet de l'Etat sur les agissements de Lafarge, mise en examen fin juin comme personne morale pour "financement d'une entreprise terroriste" et "complicité de crimes contre l'humanité", des accusations rarissimes pour une entreprise française.
Cette audition était réclamée depuis octobre 2017 par l'ONG Sherpa, partie civile dans cette enquête au vu des interrogations sur le rôle du Quai d'Orsay à l'époque. D'anciens responsables du cimentier ont affirmé que cette volonté de rester coûte que coûte dans le pays en guerre avait reçu l'aval des autorités françaises.
"Est-ce à dire qu'en France, un ministre des Affaires étrangères est volontairement tenu dans l'ignorance de questions aussi cruciales que le maintien d'une entreprise française dans un pays en guerre et en proie au terrorisme qui n'aura d'autre choix que de financer Daesh pour maintenir son activité ?" a réagi auprès de l'AFP Me Marie Dosé, avocate de Sherpa.
A l'été 2013, alors que la diplomatie française s'activait avec l'administration du président américain Obama pour faire tomber Bachar al-Assad, Lafarge était alors la seule entreprise française encore présente en Syrie.
L'ex-directeur général adjoint de Lafarge Christian Herrault avait affirmé devant les juges que l'ex-ambassadeur de France en Syrie, Eric Chevallier, avait encouragé la société "à tenir" et à maintenir l'activité, et ce lors de plusieurs rencontres au Quai d'Orsay ou d'entretiens téléphoniques, jusqu'à l'hiver 2013-2014, selon une source proche du dossier.
"Je n'en sais absolument rien, je n'ai pas été informé de ces réunions", a encore répondu l'ancien ministre.
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