Très attendues, les conclusions du rapport de l'inspection générale de la justice sur l'évasion spectaculaire de cet habitué de la cavale, présentées à la presse par Nicole Belloubet, interviennent le jour de l'évasion de deux détenus de la prison de Colmar. Une évasion "d'un ordre totalement différent", selon la ministre.
"Série de dysfonctionnements", "conjonction de failles de sécurité exploitées par un commando paramilitaire", la fuite par hélicoptère de Redoine Faïd aura eu raison de l'organisation d'une administration qui n'a pas réagi à temps.
"Le transfert de Redoine Faïd avait été demandé, la réponse a tardé", a reconnu la ministre.
La Direction de l'administration pénitentiaire (DAP) avait été avertie par la Direction interrégionale d'Ile-de-France d'une "menace sérieuse (de) passage à l'acte" de la part de Redoine Faïd, selon des extraits de courriels publiés par la presse début juillet.
"J'entends tirer pleinement les conséquences d'un fonctionnement jugé par l'inspection comme insuffisamment réactif", a concédé Nicole Belloubet.
Les services centraux seront ainsi restructurés "d'ici la fin de l'année civile" pour renforcer "la gestion et l'efficacité des questions de sécurité", et "recréer un véritable Etat-major de la sécurité (...) au sein de la DAP".
Le rapport a pointé une "séparation" entre des "bureaux qui pensent ce que doit être la détention et le terrain qui, au quotidien, vit ce qu'est cette détention".
Pour mieux "gérer les transferts" de détenus, Nicole Belloubet veut identifier une "trentaine d'établissements sur toute la France en capacité d'accueillir les détenus particulièrement surveillés (DPS) au titre du risque d'évasion".
Elle a par ailleurs indiqué son intention d'intégrer à sa réforme de la justice une modification du code de procédure pénale, car "il avait été envisagé de transférer [Redoine Faïd] dans une autre prison centrale, mais ce transfert n'avait pas pu être possible en raison de son statut de prévenu", l'une de ses condamnations n'étant pas encore définitives.
Le code de procédure pénale prévoit en effet que "les prévenus - ceux qui n'ont pas été jugés définitivement - doivent être en maisons d'arrêt, et les condamnés, dits définitifs, sont en centre de détention, sans considération de la dangerosité réelle des uns et des autres".
Faïd, 46 ans, avait été condamné en avril à 25 ans de prison pour son rôle d'"organisateur" dans un braquage raté en 2010, qui avait coûté la vie à une policière municipale.
"Failles de sécurité"
Il faut aussi "améliorer les moyens du renseignement pénitentiaire", centré "sur la lutte contre le terrorisme et le phénomène de radicalisation", selon Mme Belloubet. Elle a évoqué "le recours à (...) l'enregistrement du son et de la vidéo [qui] doit être possible dans certains lieux comme les parloirs".
"Les effectifs du pôle criminalité organisée seront renforcés d'une quinzaine d'emplois sur la centaine de recrutements prévus d'ici 2020", a-t-elle promis.
Si le rapport n'a pas permis d'établir "à ce stade" de complicité au sein de l'établissement de Réau, ni de lien entre l'évasion et le survol de la prison par des drones, le "commando paramilitaire" ayant mené l'opération a tiré profit de "failles de sécurité": absence de filins anti-hélicoptère dans la cour d'honneur, "problème" sur le dispositif d'appel d'urgence des forces de l'ordre.
Après avoir pris en otage un pilote d'hélicoptère, deux hommes équipés de fusils d'assaut et de disqueuses avaient sauté de l'appareil qui survolait la cour d'honneur de la prison. Après avoir scié plusieurs portes et lâché des fumigènes, ils avaient récupéré le détenu au parloir.
Des filins vont être installés dans la cour d'honneur de Réau, et les dispositifs de brouillage des portables seront étendus à tout le territoire progressivement.
Redoine Faïd a échappé de peu aux forces de l'ordre mardi dernier. Le braqueur était à bord d'une voiture transportant des explosifs prise en chasse par des gendarmes jusque dans le parking d'un centre commercial de Sarcelles (Val d'Oise). Faïd, et un autre homme, avaient réussi à s'enfuir en empruntant un escalier.
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