La nouvelle exposition du Musée des antiquités à Rouen (Seine-Maritime) traite d'une thématique tout à fait inédite en analysant la culture juive de l'Europe septentrionale sous ses différents angles grâce à un corpus d'objets exceptionnels réunis pour l'occasion.
Une communauté malmenée
Les relations entre les communautés juives et catholiques se dégradent au cours du XIe siècle à l'époque des Croisades. Le peuple juif, alors considéré comme déicide car impliqué dans la mort du Christ selon les catholiques, fait l'objet de persécutions, de bannissements et de massacres. Régulièrement chassés du territoire Français en 1182, 1306 et 1394 pour être spoliés de leurs biens, ils seront cependant plusieurs fois réadmis contre rançon.
Au cours de ces épisodes violents, les objets précieux du culte, leurs propriétés mobilières ou immobilières sont revendues et dispersées ce qui rend aujourd'hui difficile la tâche de rassembler des objets issus de cette communauté médiévale.
L'exposition réunie, grâce à de nombreux prêts de musées, des objets issus de sites archéologiques majeurs comme la Guenizah du Caire ou de précieux fonds comme ceux de la BNF. Ces objets et ces ouvrages exceptionnels prouvent le rayonnement culturel de cette société et nous orientent sur les us et coutumes pratiqués par les juifs d'Europe du Nord.
Une culture foisonnante
Dans les plus grandes villes, la Yeshiva était le lieu où l'on apprenait à commenter la loi. Le monument juif de Rouen découvert par hasard en 1976 aurait eu, selon les spécialistes, cet usage. Cette Maison sublime a fait l'objet pour l'exposition d'une reconstitution 3D qui permet de comprendre dans les moindres détails l'organisation du bâtiment et sa supposée fonction : une façon de découvrir en avant-première ce bâtiment d'intérêt archéologique datant du XIIe siècle et actuellement en cours de restauration.
De nombreux érudits ont enseigné à Rouen et l'exposition évoque en particulier un des prestigieux maîtres ayant officié à Rouen : Ibn Ezra. Celui-ci aurait été actif à Rouen durant cinq à sept ans au cours du XIIe siècle et profite de son séjour à Rouen pour se rendre régulièrement en Angleterre, tissant des liens avec la communauté juive de Londres installée par Guillaume le Conquérant. Issu de Cordoue, cet exégète maîtrise de nombreuses disciplines et se fait connaître comme mathématicien, astronome, astrologue ou encore poète, illustrant à lui seul la richesse culturelle de ce peuple.
Vie quotidienne, us et coutumes
Si l'exposition évoque la richesse intellectuelle de ce peuple, elle dévoile également les us et coutume des juifs du Moyen-Âge par le biais de nombreux objets issus du quotidien. Par exemple, un anneau de mariage du XIVe siècle ayant la forme du temple de Salomon et recense aussi des documents officiels comme un chirographe (acte notarié scindé en deux parties découpées de manière arbitraire pour en assurer l'authenticité) ou une Ketoubbah (contrat de mariage) rappelant qu'après un an de fiançailles, les promis s'engagent à la fois devant la loi des hommes et celle de Dieu.
Cette exposition présente également des bijoux frappés de mots en Hébreux ayant valeur de talisman et sans doute réutilisés ultérieurement par des chrétiens suite à une taxation. Elle évoque aussi les loisirs avec un jeu de trictrac dans lequel on retrouve des figures mythologiques ou religieuses telle que Samson ou Hercule.
L'exposition se donne ainsi pour but d'explorer cette culture dans toute sa diversité et sa richesse.
Pratique. Jusqu'au 16 septembre au Musée des antiquités à Rouen. Jusqu'à 4 €. museedesantiquites.fr
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