Libérées tôt le matin, la jeune fille de 17 ans et sa mère Narimane, également emprisonnée après l'incident, ont été conduites par des soldats jusqu'à leur village de Nabi Saleh près de Ramallah en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé depuis plus de 50 ans par l'armée israélienne.
En larmes, l'adolescente a embrassé les membres de sa famille et les soutiens venus l'accueillir, sur un petit chemin menant à la bourgade.
Puis, son père, Bassem, a accompagné sa fille et son épouse à la maison sous les cris de la foule: "Nous voulons vivre libres !"
"La résistance continuera jusqu'à ce que l'occupation prenne fin", a clamé devant un mur de caméras l'adolescente qui semblait détendue même si parfois submergée par les journalistes qui la poursuivaient.
"Je suis très contente d'être revenue dans ma famille mais ce bonheur est gâché parce que des prisonniers sont toujours détenus", a-t-elle ensuite dit lors d'une conférence de presse dans le village.
T-shirt noir et épaules recouvertes d'un keffieh, châle symbole de la résistance palestinienne, Ahed Tamimi, entourée de ses parents, a ajouté qu'elle refusait de répondre aux questions de journalistes israéliens en raison selon elle de leur couverture médiatique injuste.
Interrogée sur son avenir, elle a dit souhaiter étudier le droit afin de pouvoir défendre "la cause palestinienne".
"Un modèle"
Avant sa conférence de presse, l'adolescente a rendu visite à des proches qui ont perdu l'un des leurs, tué par des soldats israéliens.
Elle a en outre déposé des fleurs sur la tombe du dirigeant palestinien Yasser Arafat à Ramallah où elle a rencontré le président Mahmoud Abbas.
Ce dernier a salué l'adolescente, "un modèle de la lutte palestinienne pour la liberté, l'indépendance et l'établissement de notre Etat", selon un communiqué officiel.
"La résistance populaire pacifique est la meilleure arme pour faire face à l'arrogance de l'occupation et montrer sa barbarie au monde", a-t-il dit.
Ahed Tamimi avait été arrêtée le 19 décembre 2017, quelques jours après avoir été filmée dans une vidéo devenue virale sur internet.
Les images la montraient s'approchant avec sa cousine Nour Tamimi de deux soldats appuyés sur un muret, dans la cour de sa maison à Nabi Saleh. Les deux jeunes filles leur demandent de quitter les lieux puis leur donnent des coups de pied et de poing et des gifles.
Les Palestiniens louent Ahed Tamimi comme un exemple de courage face aux abus israéliens dans les Territoires palestiniens occupés.
Les Israéliens eux considèrent en revanche qu'elle est instrumentalisée par sa famille, l'adolescente ayant déjà été impliquée auparavant dans une série d'incidents avec des soldats, dont les images avaient fait le tour du monde.
Dimanche, deux Italiens et un Palestinien arrêtés la veille par les forces israéliennes après avoir peint le visage de Ahed Tamimi sur le mur de séparation construit par Israël en Cisjordanie ont été libérés. Les deux Italiens devront toutefois quitter Israël dans les 72 heures faute de quoi ils seront expulsés, selon la police.
"Une enfant en prison"
Pour les défenseurs des droits de l'Homme, l'affaire Tamimi a permis de mettre en lumière les pratiques des tribunaux militaires israéliens et leur taux de condamnation très élevé -99%- de Palestiniens. La Cisjordanie étant un territoire occupé militairement, les Palestiniens qui y résident sont jugés devant des tribunaux militaires.
"Israël emprisonnant une enfant pendant huit mois reflète la discrimination endémique, l'absence de procédure officielle et le mauvais traitement des enfants", a tweeté Omar Shakir, directeur de Human Rights Watch en Israël.
"Des centaines d'enfants palestiniens restent derrière les barreaux et ne bénéficient d'aucune attention", a-t-il ajouté.
Ahed Tamimi avait 16 ans au moment de son arrestation. Condamnée à huit mois de prison le 21 mars à l'issue d'un accord dit de "plaider coupable", l'adolescente a fêté ses 17 ans en prison. Sa cousine avait elle été libérée en mars.
L'adolescente et sa mère ont été libérées trois semaines en avance, une pratique fréquente du fait de la surpopulation des prisons, selon son avocate.
Ahed Tamimi s'est vu infliger une peine presque aussi lourde -huit mois de prison- que le soldat israélien Elor Azaria condamné à neuf mois pour avoir abattu un assaillant palestinien blessé, qui ne constituait plus une menace.
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