Dans une interview enregistrée et diffusée au 20H00 de TF1,l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron a déploré "la folie qui s'est emparée de cette histoire banale", cette "histoire de droit commun" dans laquelle "il ne se passe rien".
"Il n'y a pas d'affaire d'Etat là-dedans", a-t-il martelé, répétant quasiment mot pour mot une argumentation déroulée la veille dans un entretien fleuve au Monde.
Mis en examen pour "violences en réunion" après avoir été filmé le 1er mai frappant et malmenant des manifestants à Paris, lui assume "des gestes vigoureux". Mais il revendique surtout "une réaction de citoyen" contre des manifestants qu'il qualifie de "casseurs". "Il n'y a aucun coup porté", a-t-il aussi lancé en s'élevant contre "les nombreux fantasmes" autour de ses supposés privilèges et sa relation de proximité avec Emmanuel Macron.
"J'ai été sous l'orage médiatique, on a raconté un tas de bêtises à mon encontre et on a pu à travers moi atteindre le président de la République", a-t-il déploré.
Cette sortie médiatique a déclenché l'ironie du député LR Marc Le Fur, parmi les premiers à réagir: "TF1 a le droit d'interviewer Benalla, pas la commission d'enquête parlementaire présidée par LREM", a-t-il cinglé dans un tweet.
Vendredi, désertée par l'opposition, cette commission a conclu ses auditions avec seulement quelques députés LREM.
Après l'audition toute cette semaine de nombreux protagonistes de l'affaire par des députés et sénateurs, l'exécutif et sa majorité s'efforcent de sortir de la crise. Le président de la République, d'abord silencieux pendant plusieurs jours, a dit assumer en bloc sa responsabilité, avant de considérer close cette "tempête dans un verre d'eau".
A sa suite, sa garde rapprochée a martelé vendredi sa volonté de tourner la page.
"Le gouvernement est au travail", a assuré sur France 2 Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement. Message en miroir sur France Info de son collègue Julien Denormandie (Cohésion des territoires): "Je pense qu'il faut se remettre au travail".
La gauche ponctuellement unie
Si la majorité fait bloc autour du président, les oppositions n'entendent surtout pas desserrer l'étau autour de l'exécutif, alors que se profile la fin de la session parlementaire mercredi puis, vendredi, le dernier conseil des ministres avant la pause estivale.
Deux motions de censure seront soumises aux députés mardi. L'une a été déposée par le groupe Les Républicains, l'autre par Nouvelle Gauche (PS), GDR (communistes) et France insoumise, les trois groupes de gauche de l'Assemblée unis pour une fois.
La discussion des motions de droite et de gauche sera commune, avant deux votes séparés.
Ces initiatives ont très peu de chance d'aboutir, étant donnée la solide majorité dont disposent le groupe En Marche (LREM) et ses alliés, mais le symbole demeure: ces motions de censure seront les premières discutées à l'Assemblée depuis l'accession d'Emmanuel Macron à l'Elysée.
Dès jeudi soir, la commission d'enquête de l'Assemblée sur l'affaire Benalla a implosé. A l'issue d'une nouvelle audition du préfet de police de Paris Michel Delpuech, le co-rapporteur LR Guillaume Larrivé s'est dit "contraint de suspendre sa participation à ce qui n'est devenu hélas qu'une parodie". Le reste de l'opposition a claqué la porte après lui.
Côté judiciaire, l'enquête sur l'affaire Benalla va être étendue à la diffusion sur Twitter d'extraits de la vidéosurveillance montrant la scène de la place de la Contrescarpe où Alexandre Benalla se trouvait le 1er mai.
Cette décision intervient au lendemain d'un article de Mediapart montrant notamment "une copie d'écran d'un compte Twitter publiant une image extraite" de la vidéoprotection de la ville de Paris, a indiqué le parquet. Sur le compte en question, @FrenchPolitic, la photo de profil reprend le logo du parti présidentiel En Marche!
Enfin, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb va donner des instructions aux préfets pour que les futurs observateurs immergés dans les services de police et gendarmerie -le statut qu'avait M. Benalla le 1er mai- portent un "signe distinctif" et que leurs conditions d'accueil fassent l'objet d'une charte. Il suit en cela les préconisations d'un rapport rendu vendredi par l'IGPN, la "police des polices".
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