Les hostilités ont pris fin il y a 65 ans avec un armistice conclu par les forces des Nations unies emmenées par les Etats-Unis avec les Nord-Coréens et leurs alliés chinois. Il n'y a pas eu de traité de paix si bien que la péninsule est toujours techniquement en guerre.
De 1950 à 1953, les deux parties se sont battues jusqu'à l'impasse, des millions de personnes ont été tuées et la Corée, toujours coupée en deux par une Zone démilitarisée n'était plus que ruines fumantes. Mais le Nord affirme que c'était une victoire et la guerre figure en bonne place des arguments de la dynastie Kim pour légitimer son pouvoir.
Peloton après peloton, les différentes unités se sont rassemblées dans ce cimetière de la banlieue de Pyongyang dominé par la statue géante d'un canon de fusil et d'une baïonnette, ornée de la médaille du Héros de la République populaire démocratique de Corée, le nom officiel du Nord.
Elles ont déposé des gerbes devant un cercueil en granit décoré d'un drapeau en métal, d'une mitrailleuse et d'un képi.
Une voix entonne: "Inclinons nous devant les martyrs qui prirent part à la Grande guerre de libération de la mère patrie", le nom donné par Pyongyang au conflit, avant que les militaires n'ôtent leur képi et ne baissent la tête.
Le premier occupant du cimetière à être tombé au combat, Jang Thae Hwa, 22 ans, a bloqué l'entrée d'une casemate avec sa poitrine six jours après l'invasion du Sud par le Nord en 1950 afin de permettre à son unité d'avancer.
Ordre chronologique
Le dernier soldat à succomber fut Ri Hyon Jun, 20 ans, canonnier fait Héros de la RPDC pour avoir abattu quatre appareils ennemis, mort cinq jours avant la fin du conflit.
Une fois la cérémonie finie, les soldats se sont promenés dans les allées de tombes, rangées par ordre chronologique.
Pendant ce temps, de l'autre côté du pays, un avion américain prenait possession de 55 dépouilles de militaires américains tués pendant la guerre pour les conduire au Sud, première étape de leur retour à la maison.
Les relations entre la Corée du Nord dotée de l'arme nucléaire et les Etats-Unis ont connu ses derniers temps un revirement stupéfiant.
Après avoir échangé en 2017 insultes personnelles et menaces belliqueuses, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président américain Donald Trump se sont serré la main le 12 juin à Singapour.
Le retour des dépouilles fait partie de l'accord conclu à cette occasion.
En revanche, la question de savoir si le Nord est disposé à renoncer à l'arsenal atomique qui lui a valu de multiples trains de sanctions de l'ONU est loin d'être tranchée.
"Victoire éclatante"
A Singapour, M. Kim s'est engagé à travailler pour la dénucléarisation de la péninsule, une formule vague sujette interprétations divergentes. Pyongyang n'a procédé à aucune mesure confirmée et dénoncé les exigences "unilatérales" des Etats-Unis et leurs "méthodes de gangsters".
Mais le Nord veut développer son économie et les autorités souhaitent que le climat actuel de bonhomie perdure.
Contrairement à l'ordinaire, l'AFP n'a pas été autorisée à parler aux gens présents au cimetière ni à assister à un dépôt de gerbes sur la colline Mansu, où des statues géantes du père fondateur de la Corée du Nord Kim Il Sung et de son fils et successeur, Kim Jong Il, dominent Pyongyang.
Les diplomates stationnés dans la capitale expliquent qu'obtenir un rendez-vous avec un responsable est encore plus difficile que d'habitude.
Les affiches de propagande se focalisent davantage sur l'héroïsme des combattants nord-coréens plutôt que sur les condamnations de l'ennemi.
Lors d'une conférence nationale des vétérans de la guerre, Choe Ryong Hae, membre du presidium du politburo, a mis en exergue jeudi "la victoire éclatante de l'idée militaire influencée par le Juche (l'idéologie du régime), de la stratégie, des tactiques et de l'art remarquable du commandement de Kim Il Sung".
L'année dernière, les médias officiels parlaient des "agresseurs impérialistes américains", ajoutant que le Nord triompherait sans peine de l'ennemi. Et le 28 juillet 2017, Pyongyang procédait à son deuxième lancement de Hwasong-14, son missile balistique intercontinental.
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