Nicaragua: le feu aux poudres
Ce pays avait tout du terrain inflammable: gangréné par la corruption et dirigé sans partage par un ex-guérillero et sa femme, il est aussi l'un de plus pauvre d'Amérique latine.
L'étincelle est venue d'une réforme des retraites visant à augmenter les cotisations salariés et employeurs et diminuer de 5% le montant des pensions afin d'équilibrer le régime des retraites, comme le recommandait le Fonds monétaire international.
Annoncé le 18 avril, le projet a aussitôt rempli les rues de manifestants, principalement des étudiants. La protestation a dégénéré en une flambée de violence à la surprise du gouvernement qui était jusqu'ici toujours parvenu à contenir les mécontentements grâce à l'influence du parti au pouvoir dans les sphères publique et militaire.
Quatre jours et 25 morts plus tard, le président Daniel Ortega a retiré son texte. Mais l'incendie a continué de se propager et les grèves générales se sont succédé pour réclamer la démission de l'homme fort de Managua, accusé par l'opposition d'avoir confisqué le pouvoir.
Insensible aux critiques de la communauté internationale et aux propositions de médiation de l'Église catholique, M. Ortega refuse la tenue d'élections anticipées et réprime son opposition: après trois mois de crise, près de 300 personnes ont été tuées.
Russie: la surprise du chef
Personne ne l'avait vu venir. Le 14 juin, tandis que Vladimir Poutine assistait au match d'ouverture de la Coupe du monde de football, son Premier ministre Dmitri Medevdev annonçait une réforme des retraites.
Ce projet prévoit de relever l'âge de la retraite, inchangé depuis 1932 et l'un des plus bas du monde, de 55 à 63 ans pour les femmes et de 60 à 65 ans pour les hommes, quand l'espérance de vie est actuellement inférieure à 70 ans pour les premières et à 67 ans pour les seconds.
Le président russe, réélu en mars pour son quatrième mandat, avait pourtant promis en 2005 de ne jamais toucher à cet acquis social hérité de l'époque soviétique.
Mais le nombre de retraités ne cesse d'augmenter depuis dix ans, atteignant aujourd'hui 25% de la population, et le pays manque de travailleurs à cause de la crise démographique des années 1990. Une équation qui conduisait le système à la banqueroute.
Malgré l'interdiction de manifester dans les principales ville pendant la compétition sportive, M. Poutine s'est retrouvé sur la défensive: sa cote de popularité a chuté de 14 points et l'abandon de la réforme est réclamé par 2,5 millions de Russes dans une pétition.
Cette opposition a trouvé un relais inhabituel un Parlement, où les trois groupes minoritaires ont voté contre le projet de loi, adopté la semaine dernière en première lecture avec les seules voix du parti présidentiel Russie unie.
Italie: le retour de bâton
La victoire des partis populistes aux élections législatives de mars ne s'est pas seulement jouée sur le rejet de l'immigration. L'autre cheval de bataille du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue était l'abrogation de la réforme des retraites de 2011.
Sous la pression des marchés financiers, le gouvernement de Mario Monti avait alors adopté un plan d'austérité incluant un relèvement accéléré de l'âge de départ des femmes, de 60 à 66 ans, pour l'aligner sur celui des hommes.
La réforme a aussi allongé d'un an la durée de cotisation pour bénéficier d'une pension sans décote et étendu à tous les salariés son calcul sur l'ensemble de la carrière et non sur les dernières années.
L'improbable coalition constituée en mai a prévu d'abaisser l'âge de départ avec un système original: une personne pourra faire valoir ses droits à la retraite si le cumul de son âge et de ses années de cotisations atteint 100.
Selon le patron de la Sécurité sociale italienne, le coût de cette mesure se situerait entre 18 et 20 milliards d'euros. Ironie de l'histoire, il a ajouté que le financement d'une telle réforme nécessiterait la venue d'immigrés.
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