Les missions d'observations de l'Union européenne et du Commonwealth doivent donner dans la journée leurs premières impressions sur le déroulement du scrutin, qui a été marqué par un climat acrimonieux et par de sanglants attentats.
Plus de 36 heures après la fermeture des bureaux de vote, la Commission électorale pakistanaise (ECP) n'avait toujours pas achevé le comptage des bulletins, s'attirant un feu roulant de critiques.
Rejetant toute notion de fraude, elle a attribué ce retard à des problèmes techniques et promis jeudi soir de les dévoiler dans les 24 heures. "Les élections ont été menées d'une manière équitable et libre", a affirmé son secrétaire Babar Yaqoob.
Selon les résultats partiels visibles vendredi matin sur son site internet, le parti d'Imran Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), est actuellement en tête avec 109 sièges sur 272, loin devant son principal rival, le PML-N de Shahbaz Sharif (62 sièges). Une majorité de 137 sièges est nécessaire à la formation d'un gouvernement.
Imran Khan, visiblement sûr de lui, a revendiqué dès jeudi soir la victoire dans un long discours au ton conciliant et ponctué de références religieuses, prononcé en direct depuis son quartier général de Bani Gala, près d'Islamabad.
"Nous avons réussi. On nous a donné un mandat", a-t-il lancé, rappelant qu'il s'était lancé en politique en 1996.
Il a lui aussi balayé les accusations de fraude, estimant que les élections de mercredi étaient "les plus justes et les plus transparentes à s'être jamais tenues au Pakistan". "Il n'y a pas de victimisation politique" à faire valoir, a-t-il déclaré.
Détaillant longuement ses projets une fois à la tête du pays, il s'est engagé à lutter contre le "cancer" de la corruption et contre la pauvreté et à renforcer les institutions.
M. Khan, qui promet l'avènement d'un "nouveau Pakistan" et d'un "Etat-providence islamique", est de longue date soupçonné d'avoir bénéficié de l'appui en sous-main de la puissante armée dans sa quête du pouvoir. Les intéressés démentent toute manœuvre en ce sens.
La controverse sur le dépouillement fait suite à une campagne déjà considérée par certains observateurs comme l'une des plus "sales" de l'histoire du pays en raison de nombreuses manipulations présumées en faveur de M. Khan.
"Questions difficiles"
Pour les analystes, les circonstances dans lesquelles se sont déroulés tant la campagne électorale que le vote lui-même sont porteuses de germes d'instabilité en raison de doutes sur la légitimité des résultats.
"Personne ne peut gouverner efficacement lorsque la moitié du pays croit que vous avez été installé suite à une manipulation de l'armée et de la justice plutôt que par le vote du peuple", estime l'ancien diplomate Hussain Haqqani.
"Le problème est que l'armée a endossé un rôle si central le jour du vote et que les accusations des partis incluent le fait que leurs agents électoraux ont été expulsés des bureaux de vote", renchérit l'analyste Azeema Cheema, interrogée par l'AFP.
"Cela va être des questions auxquelles il sera difficile de répondre pour l'armée. Cependant, il n'y aura pas de réponses à cela", pronostique-t-elle.
Le Pakistan, puissance nucléaire, a été dirigé par son armée pendant près de la moitié de ses 71 ans d'histoire.
Les élections de mercredi constituaient un cas rare de transition démocratique d'un gouvernement civil à un autre dans ce jeune pays au passé ponctué de coups d'Etat militaires et aux institutions fragiles.
- Manifestations ? -
Le parti PML-N, qui apparaît à ce stade comme le plus grand perdant du vote, n'a pas réagi dans l'immédiat au discours de M. Khan.
Son chef de file Shahbaz Sharif, frère de l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif et principal autre prétendant au poste de Premier ministre, avait dénoncé dès mercredi soir des "fraudes flagrantes (ramenant) le Pakistan 30 ans en arrière" et "rejeté" d'emblée son résultat.
Le chef du clan, Nawaz Sharif, actuellement emprisonné pour corruption, est resté silencieux.
Les cadres du parti sont entrés en consultations pour déterminer la stratégie à adopter dans les prochains jours, a indiqué un de ses responsables vendredi à l'AFP.
Le PPP (Parti du peuple pakistanais), dont le chef Bilawal Bhutto-Zardari a lui aussi dénoncé de lourds dysfonctionnements dans la machine électorale, va également consulter les autres formations pour élaborer une stratégie commune, a indiqué vendredi un porte-parole.
Au moins une formation, le parti extrémiste Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP), qui avait bloqué pendant des semaines en novembre dernier le principal accès à la capitale Islamabad, a annoncé envisager des manifestations.
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