Un parking de Maroussi, dans la banlieue nord-est de la capitale, a été transformé en lac par un orage survenu à la mi-journée, et des dizaines de voitures se sont mises à y flotter. Dans l'après-midi, la circulation était "progressivement rétablie", a assuré à l'AFP le service de la protection civile.
Trois jours après l'incendie autour de Mati, le plus meurtrier enregistré dans le pays, le bilan officiel des victimes dans cette petite station balnéaire montait toujours : 82 personnes décédées, certains médias évoquant 83, voire 85 morts.
Les légistes tentaient de mettre un nom sur des dizaines de corps retrouvés dans les zones ravagées par l'incendie, grâce à l'ADN de proches supposés.
Ils espèrent terminer ce travail samedi. L'un d'eux a qualifié auprès de l'agence grecque ANA la catastrophe de "massive, avec beaucoup de corps calcinés, ce qui complique la procédure".
Les familles n'étaient pas autorisées à voir les corps, un des médecins confiant que le corps médical lui-même "avait du mal à supporter".
'Nous sommes Grecs'
Outre un numéro officiel ouvert aux familles, un mur des disparus informel, ouvert par des développeurs privés sur internet, et selon la presse "agréé" par la Protection civile, affichait toujours jeudi la photo de 27 personnes portées disparues, sans qu'on puisse savoir si certaines figuraient ou non parmi les corps retrouvés.
Des hommes et femmes de tous âges, pour la plupart souriants sur des photos de famille, tous porteurs de noms grecs. Parmi eux, les petites jumelles Vassiliki et Sofia Filippopoulou et leurs grands-parents. La quête de leur père et fils Yiannis pour les retrouver a fait le tour des médias ces derniers jours.
De nombreux grands-parents et petits enfants étaient à Mati lundi soir, en pleines vacances scolaires dans cette localité prisée des retraités.
Sur 2.489 maisons auscultées par quelque 340 agents jusqu'à mercredi soir dans la zone côtière sinistrée de Mati, près de la moitié (48,93%) ne sont plus habitables, selon le ministre des Infrastructures.
Sur des portails, des habitants ont apposé des messages signalant qu'ils "allaient bien".
En revanche, la veuve du cinéaste grec Theo Angelopoulos --palme d'Or à Cannes en 1998-- a indiqué que les "archives personnelles" de son mari étaient parties en fumée dans la destruction de la maison familiale.
Nombre de rescapés ont été pris en charge par des associations, qui fournissent hébergement dans les villes voisines, vêtements et nourriture. La situation a créé un vaste élan de solidarité.
Les volontaires s'affairaient ainsi jeudi dans un gymnase de Rafina, proche de Mati, au milieu de montagnes de vêtements, de nourriture ou de couches pour bébés.
"Nous sommes Grecs, et les Grecs ont tendance à s'unir quand ils sont dans le besoin, et à s'aider autant que possible", témoignait fièrement Joanna Kefalidou, un professeur d'anglais en vacances.
'A la merci de Dieu'
Alors que se terminaient les trois jours de deuil national, Kyriakos Mitsotakis, chef du parti conservateur Nouvelle-Démocratie, principale formation d'opposition, s'est rendu sur les lieux du drame pour exprimer sa solidarité aux familles des victimes.
Côté gouvernement, c'est le ministre de la Défense Panos Kammenos qui s'y est également rendu, au lendemain de l'annonce d'un vaste plan d'indemnisation par les services du Premier ministre Alexis Tsipras.
Certains habitants ont invectivé le ministre : "Vous nous avez laissé à la merci du Dieu. Il ne nous reste rien!", a lancé une femme en larmes.
Le gouvernement commence à faire face à des critiques sur le manque d'un plan de prévention ou d'évacuation solide dans cette affaire.
Mais M. Kammenos a contre-attaqué, au micro de la BBC. D'un air grave, il a évoqué le problème endémique connu des constructions illégales qui sont selon lui "la majorité" sur cette côte.
"Après cette tragédie, c'est le moment que (les propriétaires) comprennent que c'est dangereux pour eux et leurs familles de ne pas suivre les règles et les lois", a-t-il dit.
Le quotidien de droite Kathimerini, qui a dénoncé jeudi l'ensemble des services publics dans cette affaire, a prédit que "ce désastre horrible serait le prétexte d'une controverse politique".
La reine Elizabeth II et le prince Philip, né prince Philippe de Grèce, ont exprimé "leur profonde sympathie au peuple grec pour les feux qui ont ravagé la Grèce", dans un message au président de la République hellénique, Prokopis Pavlopoulos.
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