Une "faute politique, d'image", "une grosse bêtise", mais pas un "délit": Alexandre Benalla, filmé en train de frapper des manifestants le 1er mai et mis en examen pour ces violences, "referai(t) la même chose" s'il n'était "pas collaborateur de l'Elysée".
Mais en tant que "collaborateur de l'Elysée, je ne le referais pas", ajoute-t-il, consentant "peut-être" qu'il aurait "dû rester en retrait" de la scène, dans cet entretien donné au journal qui a révélé l'affaire il y a une semaine.
Alors qu'Emmanuel Macron est sorti mardi soir de sa réserve sur cette histoire qui marque la plus grande crise politique de son début de quinquennat, en adoptant un ton très offensif, M. Benalla a lui aussi choisi de riposter avec force, en "assumant les faits" mais en se disant "beaucoup plus réservé" sur la cascade de révélations qui s'est ensuivie.
"On a essayé de m'atteindre, de me tuer, et c'était l'opportunité aussi d'atteindre le président de la République", lance-t-il dans cet entretien réalisé au domicile d'un "communicant" et au terme duquel est apparue Michèle Marchand, une proche d'Emmanuel et Brigitte Macron présentée parfois comme leur conseillère d'image officieuse. "C'est une façon d'attraper le président de la République par le colbac", insiste-t-il en se décrivant comme "le maillon faible".
M. Benalla évoque ainsi des "gens qui se frottent les mains" de son licenciement, s'estimant victime d'un règlement de comptes. Qui ? "Des politiques et des policiers", des "gens qui travaillent autour" du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
Le chargé de mission souligne ainsi qu'il participait à la réorganisation de la sécurité du chef de l'Etat et s'attirait des inimitiés, épinglant notamment le "pouvoir de nuisance" du Service de la protection de la personne (SDLP), une entité de la police nationale.
"Pas de tabassage"
Sur les faits du 1er mai, M. Benalla fustige "la préparation et l'encadrement" de la "mission d'observation" à laquelle il participait et qui "n'a pas été au niveau". Le "dispositif" était "sous-dimensionné", cingle-t-il, le poussant à intervenir sous peine d'être "isolés" face à "une cinquantaine de jeunes" qui "se déchaînent".
"Ils cassaient en toute impunité (...) et moi c'est ma nature, je suis trop engagé", se défend-il en assurant que lors de son intervention, "il n'y a aucun coup". "Il n'y a pas de tabassage", "c'est un citoyen qui appréhende un délinquant, point à la ligne", martèle-t-il.
En ce sens, M. Benalla n'était "pas d'accord" avec la suspension de 15 jours qui lui a été infligée mais l'a "acceptée". Recruté à l'Elysée pour "s'occuper des affaires privées" du Président, à savoir "l'organisation" de ses déplacements, il est rétrogradé et cantonné "aux événements qui se passent" à l'Elysée.
"Je le vis comme une humiliation", dit-il. Cela ne l'empêche toutefois pas de participer à quelques opérations extérieures car à l'en croire, "toutes les missions délicates sont pour" lui.
Interrogé sur certains avantages de sa fonction, M. Benalla apporte des précisions ou démentis. "Rémunéré 6.000 euros net" par mois, on lui a bien mis "à disposition" un appartement "le 8 ou 9 juillet", de "80 mètres carrés, pas 300".
Il admet "peut-être un caprice" concernant l'obtention d'un badge d'accès à l'hémicycle de l'Assemblée, demandé en réalité car il "aime aller à la salle de sport" du Palais-Bourbon.
Effectivement habilité secret-défense comme "tout le monde" au cabinet de la présidence, il détient bien un permis de port d'arme "dans l'exercice de (s)a mission". En revanche, il affirme n'avoir "jamais détenu les clefs" de la résidence secondaire du couple présidentiel au Touquet.
"La vérité, c'est que ma nomination à ce poste, ça a fait chier beaucoup de gens. Parce qu'un gamin de 25 ans qui n'a pas fait l'ENA, qui n'est pas sous-préfet (...) et en plus qui dit les choses (...), évidemment, ça suscite des rancoeurs", plaide-t-il encore.
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