"J'ai ordonné ces exécutions après avoir mûrement réfléchi", a déclaré devant la presse la ministre de la Justice Yoko Kamikawa.
Selon elle, les meurtres perpétrés par la secte "ne doivent plus jamais se produire" et la sentence de mort était "inévitable".
Aum est responsable de l'attentat au gaz sarin qui avait tué 13 personnes et en avait intoxiqué 6.300 autres dans le métro de Tokyo en 1995. Cette organisation créée par le gourou Shoko Asahara (de son vrai nom Chizuo Matsumoto) est tenue au total pour responsable du décès de 29 personnes et de 6.500 blessés.
Outre Asahara, pendu le 6 juillet, douze de ses disciples s'étaient vu infliger la peine capitale. Ils sont désormais tous morts. Quelque 190 autres membres de la secte, qui a accueilli jusqu'à 10.000 fidèles, avaient également été condamnés à diverses sentences.
"Avec l'exécution des 13 ex-membres, peut-être l'affaire est-elle close du point de vue de la justice, mais les victimes, elles, continuent de souffrir, les préjudices continues", a réagi devant les journalistes Shizue Takahashi, l'épouse d'un employé du métro décédé dans l'attentat et présidente d'une association de victimes.
D'autres, comme l'avocat Masaki Kito, estiment que l'exécution du gourou et de ses complices ne met pas fin à une affaire dans laquelle demeurent de nombreuses zones d'ombre. "Il est regrettable qu'ils aient été exécutés sans avoir parlé davantage".
Certains redoutent en outre que la pendaison d'Asahara et de ses fidèles ne fasse d'eux des martyrs. "Des craintes existent qu'Asahara soit vénéré comme un dieu, je pense que nous devons rester vigilants", a mis en garde Minoru Kariya, fils de Kiyoshi Kariya enlevé et tué par la secte Aum en 1995.
Nouvelle ère
Plusieurs des enfants du gourou sont des fidèles d'une secte qui a succédé à Aum. Ils auraient voulu récupérer ses cendres mais après une querelle de quelques jours, la fille cadette d'Asahara, qui n'est membre d'aucune organisation occulte et veut que cette affaire se termine au plus vite, a accepté de récupérer ses restes.
Il a fallu 23 ans depuis l'attentat pour que la sanction soit réalisée, les autorités ayant attendu que s'achève en début d'année le dernier procès impliquant des ex-membres d'Aum.
La loi japonaise précise que les condamnés à la peine capitale doivent être exécutés dans les six mois suivant la confirmation de leur sentence, mais dans la pratique ils restent souvent des années dans l'antichambre de la mort.
Selon les médias nippons, le gouvernement voulait cependant en finir avec les condamnés à mort de la secte, dont les meurtres ont entaché l'ère Heisei (celle de l'actuel empereur Hirohito), avant l'abdication du souverain prévue en avril prochain et l'intronisation de son fils qui ouvrira une nouvelle ère impériale.
Même si les attaques menées par Aum étaient injustifiables et les responsables méritaient d'être punis, "cette frénésie d'exécution sans précédent, 13 en trois semaines, ne laisse pas la société japonaise plus en sécurité. Les pendaisons ne parviennent pas à expliquer pourquoi les gens ont été attirés par un gourou charismatique avec des idées dangereuses", a réagi Hiroka Shoji, chercheur du groupe Amnesty International.
L'organisme déplore que, sans en débattre réellement, le Japon continue de pratiquer la peine de mort "en disant que les exécutions sont inévitables parce que le public l'exige", les sondages montrant en effet qu'une majorité de Japonais soutiennent ce type de sentence.
A LIRE AUSSI.
Exécutions: Amnesty dénonce le secret persistant de la Chine
Etats-Unis: la justice suspend des exécutions "à la chaîne" dans l'Arkansas
Le problème du mauvais avocat devant la justice américaine
Le grand pas des Philippines vers la peine de mort
Gourou condamné pour viol en Inde: de violents heurts font 32 morts
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.