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Affaire Benalla: Macron à l'offensive, la crise s'installe

Le président français Emmanuel Macron, qui a pris la parole après des jours de silence, est à l'offensive dans l'affaire Benalla, sous une pression encore accrue par de nouvelles passes d'armes au Parlement et une perquisition au palais de l'Elysée.

Affaire Benalla: Macron à l'offensive, la crise s'installe
Capture d'écran d'une vidéo de l'allocution d'Emmanuel Macron devant les députés de sa majorité le 24 juillet 2018 à Paris - - [UGC/AFP]

Les enquêteurs sont restés plusieurs heures mercredi dans l'ancien bureau d'Alexandre Benalla, en présence de l'ex-chargé de mission. Licencié par la présidence, M. Benalla a été inculpé dimanche pour avoir frappé des manifestants sans disposer d'aucun pouvoir de maintien de l'ordre.

"Le seul responsable de cette affaire c'est moi", a déclaré mardi soir M. Macron, sortant du silence dans lequel il était muré depuis l'éclatement de l'affaire la semaine dernière. Une intervention toutefois contrôlée puisque effectuée devant des députés amis et sans presse.

"S'ils veulent un responsable, il est devant vous, qu'ils viennent le chercher", a lancé M. Macron, regrettant la "trahison" de son ancien collaborateur.

M. Benalla n'avait été dans un premier temps que suspendu deux semaines, avant que la révélation de ses agissements il y a une semaine par le quotidien Le Monde n'entraîne son licenciement et son inculpation.

Mercredi soir, lors d'un bain de foule improvisé à Bagnères-de-Bigorre, dans les Pyrénées, M. Macron a confirmé son choix d'une stratégie offensive en invectivant des journalistes des chaînes de télévision françaises BFMTV et CNEWS.

"Vous avez dit ces derniers jours beaucoup de bêtises sur soi-disant des salaires, des avantages (attribués à M. Benalla, ndlr). Tout cela était faux", a-t-il affirmé.

"J'ai vu ces derniers jours beaucoup de gens perdre la raison avec des réactions disproportionnées et avec une violence....", a poursuivi M. Macron, qui s'est estimé visé par "un procès politique sur la base d'une affaire qui est triste mais qui est l'affaire d'un homme".

M. Macron a "commencé à desserrer le nœud coulant", a commenté pour l'AFP un spécialiste de la communication politique. "Il y a eu d'abord une phase de panique quand l'affaire a éclaté, d'où le silence", puis "une reprise d'initiative", selon ce spécialiste qui a requis l'anonymat.

Pour le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, M. Macron a montré qu'il restait "le maître des horloges", celui qui parle quand il l'a décidé et n'a "pas à répondre aux convocations des uns ou des autres".

M. Griveaux a d'ailleurs de nouveau écarté, au nom de la séparation des pouvoirs, la possibilité que le président s'exprime devant les commissions d'enquête parlementaires. Pour autant, promet ce proche du président, "toutes les leçons" de l'affaire Benalla seront "tirées à la rentrée" et "des changements profonds interviendront".

Mais l'opposition, toujours très remontée, reproche notamment au président de s'être exprimé "dans l'entre-soi" des membres du parti présidentiel, selon le mot du président LR (opposition, droite) du Sénat, Gérard Larcher.

"Matamore"

"Bien protégé au milieu de ses amis", Emmanuel Macron a fait "le matamore", a ironisé Alexis Corbière, député LFI (gauche radicale), demandant, comme d'autres politiques, que le président soit entendu par la commission d'enquête parlementaire.

Le président, qui n'est pas responsable devant le Parlement, ne peut être contraint à être auditionné.

Pour le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, M. Macron "a repris l'initiative, mais n'a pas repris la main": "C'est un président acculé, qui n'a pas d'autre choix que d'admettre, avant que la commission d'enquête le lui fasse admettre, que tout remonte à l'Elysée" dans cette affaire.

Mercredi, la présidente de la commission d'enquête à l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (LREM, le parti présidentiel), a accusé l'opposition de privilégier "une approche polémique et politique qui vise à tirer profit de l'actualité, loin de tout souci de la vérité".

Le député Guillaume Larrivé (LR, opposition), co-rapporteur de la commission d'enquête, a pour sa part accusé M. Macron de "donner des ordres pour essayer d'étouffer la vérité" en refusant l'audition de certains de ses collaborateurs.

A la commission d'enquête de l'Assemblée et à celle du Sénat, les auditions se sont poursuivies mercredi, les responsables de la sécurité du palais présidentiel se succédant pour justifier leur action. Jeudi, c'est le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, bras droit de M. Macron, qui doit être entendu.

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