"Il y a dix-sept corps récupérés jusqu'à présent, mais nous ne pouvons pas encore estimer le nombre de disparus", a déclaré à l'AFP Chana Miencharoen, le consul thaïlandais au Laos présent sur place, ajoutant que les inondations ont submergé plusieurs villages.
Les autorités du Laos, Etat communiste très fermé, où les sources d'information sont rares, n'ont fourni à ce stade aucun bilan officiel sur l'ampleur de la catastrophe. L'agence officielle laotienne faisait état mardi de "plusieurs morts et de centaines de disparus", ainsi que de 6.600 personnes sans abri.
A la suite de pluies torentielles, "la partie supérieure du barrage" a été emportée dimanche à 21 heures (14H00 GMT), soit près de 24 heures avant l'effondrement de la structure, a indiqué l'entreprise coréenne SK Engineering and Construction, qui participe à la réalisation du projet.
Dimanche soir, "nous avons immédiatement alerté les autorités et commencé à évacuer les villageois" qui se trouvaient les plus près, a ajouté la compagnie coréenne.
La rupture totale du barrage a libéré 500 millions de tonnes d'eau, selon les données d'un autre opérateur du barrage, Korea Western Power, inondant sept villages.
Des ouvriers ont été dépêchés sur place, mais les tentatives de réparation ont été entravées par de fortes pluies.
Dès vendredi, "onze centimètres d'affaissement ont été détectés au centre du barrage", qui se trouve dans la province reculée d'Attapeu, dans le sud du pays, près des frontières cambodgienne et vietnamienne, a précisé Korea Western Power.
"Systèmes d'alerte inadéquats"
Cette catastrophe "révèle l'inadéquation des systèmes d'alerte" et "soulève d'importantes questions sur la sécurité des barrages au Laos, y compris leur pertinence pour faire face aux conditions météorologiques", dans ce pays frappé chaque année en cette saison par des pluies de mousson, a déploré Maureen Harris, spécialiste des barrages laotiens pour l'ONG International Rivers.
Des images aériennes postées par la chaîne locale ABC Laos montrent une zone totalement inondée qui recouvre les habitations et la jungle sur un vaste périmètre.
Des familles, de l'eau boueuse jusqu'aux genoux, évacuent les lieux avec les quelques objets qu'elles ont pu sauver, selon les images diffusées par les médias locaux, tous contrôlés par l'Etat. D'autres habitants attendent les secours sur le toit de leur maison, à proximité d'un temple bouddhiste partiellement submergé.
La zone sinistrée est entourée d'une forêt dense, compliquant les opérations.
La structure qui s'est effondrée, "Saddle Dam D", fait partie d'un réseau de plusieurs barrages. Ce projet d'énergie hydroélectrique, de plus d'un milliard de dollars, implique des entreprises laotiennes, thaïlandaises et sud-coréennes, regroupée dans une coentreprise, la Xe-Pian Xe-Namnoy Power Company's (PNPC).
Le barrage devait commencer à fournir de l'électricité en 2019, dont 90% devait être exportée vers la Thaïlande voisine, le reste devant être distribué sur le réseau local.
Enclavé au coeur de la péninsule indochinoise, le Laos, petit Etat rural et montagneux, ambitionne de devenir "la batterie de l'Asie du Sud-Est".
Selon le site de l'ONG International hydropower association (IHA), plus de 50 projets hydroélectriques sont en cours de développement dans le pays, au grand dam des organisations environnementales qui mettent en avant leur impact sur le Mékong, sa flore et sa faune, sur les populations rurales, souvent déplacées, et sur les économies locales qui en dépendent.
Le pays exporte la majorité de cette énergie notamment vers la Chine, le Vietnam ou la Thaïlande, avides d'énergie.
Les effondrements de barrages ou de digues, comparables à celui qui vient de survenir au Laos, sont relativement fréquents en Asie et ont notamment affectés le puissant voisin chinois.
En août 1998, dans la province chinoise du Hubei, des centaines de personnes, dont 150 soldats, avaient trouvé la mort après l'effondrement sur plus de 700 mètres d'une digue, située à proximité du Yangtsé.
Plus de 20.000 personnes avaient été tuées dans ce pays, en août 1975, après la rupture de barrages retenant les réservoirs de Banqiao et Shimantan, dans la province centrale du Henan, une catastrophe qui n'avait été révélé que 24 ans plus tard.
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