A 15h00 à l'Assemblée, puis 16h45 au Sénat, les ministres devront faire bloc afin de défendre l'Elysée, traversé par la première grande crise politique du quinquennat Macron après la diffusion de vidéos montrant Alexandre Benalla, un proche collaborateur du chef de l'Etat, en train de frapper et malmener deux manifestants le 1er mai. Dans le même temps, un premier membre de l'Elysée, le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, sera entendu par la Commission d'enquête de l'Assemblée à 16H30.
Le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler, bras droit du chef de l'Etat, répondra pour sa part jeudi aux questions des sénateurs, signe que l'affaire tutoie bien les sommets.
Les explications de l'exécutif devant la représentation nationale sont d'autant plus attendues qu'elles ont été ardemment réclamées par les oppositions.
Celles-ci, profitant d'une majorité "au début perdue" selon les mots d'une source gouvernementale, ont provoqué de sérieuses secousses à l'Assemblée, provoquant le renvoi à la rentrée de l'examen du projet de loi constitutionnel.
Mardi, le patron des députés Les Républicains (LR) Christian Jacob a annoncé que son groupe allait déposer une motion de censure contre le gouvernement afin qu'il "s'explique".
Peu de chance toutefois qu'elle soit votée au vu de la très large majorité LREM-MoDem, car son succès nécessiterait l'approbation de plus de la moitié des 577 députés.
Mais avec un groupe LR de 103 membres pour 58 signatures requises, son dépôt semble cependant acquis, avec un long débat en perspective pour Edouard Philippe, au delà d'une simple séance de questions au gouvernement.
A Matignon, on se félicitait, avant cette annonce, d'un "début de retour à la normale" à l'Assemblée. "Après l'obstruction et la polémique, c'est désormais le temps où le gouvernement va répondre aux parlementaires", promet-on dans l'entourage du chef du gouvernement avant les "QAG".
A l'image d'Emmanuel Macron, Edouard Philippe s'est montré jusque-là d'une remarquable réserve, malgré les coups de boutoir de droite et de gauche lui demandant de venir s'expliquer au plus vite dans l'hémicycle. Refusant la pression, le Premier ministre n'a pas souhaité donner d'autre cadre à ses réponses que ces traditionnelles séances de questions au gouvernement où il se rendra "l'esprit combatif", selon son entourage.
En attendant, armée d'un argumentaire censé démonter "les privilèges d'Alexandre Benalla", la macronie monte crescendo au creneau pour réfuter à l'unisson toute "affaire d'Etat" et évoquer une "dérive individuelle".
Cette ligne a de nouveau été tracée mardi lors de l'habituel petit-déjeuner de la majorité à Matignon, auquel ont participé les patrons du groupe La République en Marche, Richard Ferrand, et MoDem, Marc Fesneau, ainsi que le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement Christophe Castaner. Le Premier ministre s'est ensuite rendu à la réunion hebdomadaire des députés LREM, à huis clos, où il a accusé les oppositions "de ne pas vouloir la vérité mais la crise", prélude d'une après-midi sous vigilance orageuse.
"Ca va être chaud!"
"Ca va être chaud! Ca va être une audition qui ne dit pas son nom", prévient ainsi le député de la France insoumise Eric Coquerel avant ces +QAG+.
"Que les oppositions veuillent consacrer tout leur temps à une affaire qui n'en est pas une" mais est "une dérive individuelle", "c'est leur droit le plus strict", rétorque le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux en assurant qu''il y a des sujets qui intéressent plus les Français".
Au Sénat, "les sept premières questions seront réservées à l'affaire", a annoncé lundi à l'AFP le président du groupe socialiste Patrick Kanner.
Cependant, "le Premier ministre n'a aucun pouvoir ni aucune véritable responsabilité dans cette affaire, qui relève exclusivement de l'Élysée", a de son côté critiqué auprès de l'AFP Marine Le Pen.
Une partie de cette attente fébrile a été désamorcée par l'audition lundi du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb devant la commission des Lois de l'Assemblée, dotée pour cette occasion exceptionnelle de prérogatives d'enquête.
Le ministre d'Etat, qui répétera l'exercice mardi devant la commission des lois du Sénat, a nié avoir commis une quelconque faute dans la gestion de cette affaire et a imputé les éventuels manquements notamment au préfet de police Michel Delpuech. Qui, dans la foulée, s'est défendu pied à pied et à renvoyé Elysée et place Beauvau à leurs responsabilités.
Mardi, un haut responsable policier a dû rétropédaler après son audition lundi soir, dans laquelle il avait laissé entendre que M. Benalla avait assisté à des réunions sécuritaires durant la période où il était censé être suspendu. Il pourrait éventuellement être auditionné de nouveau.
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