"J'applaudis, il a bien fait, de toute façon, ça devait arriver : quand on insulte quelqu'un en raison de son origine ou de sa foi...", lâche Abbas Haydin, un retraité de 63 ans arrivé de Turquie "il y a 24 ans".
Le sexagénaire ne mâche pas ses mots sur les "médias allemands", en particulier le tabloïd Bild, qui a multiplié les attaques à l'endroit d'Özil, avant et après la calamiteuse élimination des champions du monde allemands du Mondial en Russie.
Ils "ont écrit que l'équipe d'Allemagne avait perdu à cause (de lui). C'est pas vrai!", s'énerve le retraité, attablé à la mi-journée à un snack dans le quartier berlinois de Moabit, ou vit une importante communauté turque.
Footballeur allemand d'origine turque, Mesut Özil, 29 ans, a annoncé dimanche sa retraite internationale, accusant notamment ses détracteurs de "racisme", en particulier le patron de la fédération allemande de foot (DFB), Reinhart Grindel, qui s'en défend.
A l'origine du conflit la rencontre de Özil avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.
De nombreux médias et commentateurs avaient vu dans la photo prise à cette occasion, en compagnie d'un autre international allemand d'origine turque Ilkay Gundogan, un manque de respect à l'égard du maillot allemand et un déficit d'intégration à quelques semaines de la coupe du monde.
Özil, dont les grands-parents vivaient déjà en Allemagne, a renoncé en 2007 à sa nationalité turque pour devenir allemand.
Cette photo, "c'était bien, (Özil) vient de Turquie!", insiste Abbas Haydin. De toute façon, "Erdogan n'a pas gagné avec des armes, il a été élu!", poursuit-il.
Le joueur a dit de son côté que la rencontre n'avait rien de politique mais reflétait son héritage et son attachement à la Turquie.
"Le racisme présent" en Allemagne
Mesut Özil a pris une "très bonne décision" renchérit dès lors Demier Ahmet, 42 ans. Pour cet employé d'une supérette, l'avenir s'annonce encore plus sombre pour la Mannschaft.
"Sans Özil, ils n'ont aucune chance, (il) joue très bien!", sourit le quadragénaire.
Travailleur social du quartier de Moabit, Wolfgang Flecks, regrette lui qu'Özil ait mal géré la polémique autour du cliché avec le président Erdogan.
"Gündogan s'est excusé, pas Özil (...) Là, il a peut-être fait une erreur", estime cet homme de 56 ans, mais en même temps, "dire que l'équipe allemande a perdu à cause de lui, c'était vraiment n'importe quoi".
Mais le quinquagénaire allemand veut bien y croire aux accusations de racisme, alors que l'extrême droite est en essor partout en Allemagne.
"S'il le dit, s'il le ressent comme ça, alors il doit y avoir quelque chose derrière", estime Wolfgang Flecks, qui reconnait que le "racisme, l'antisémitisme sont présents" en Allemagne.
Le chef de la communauté turque d'Allemagne, Gökay Sofuoğlu abonde d'ailleurs dans ce sens sur Facebook, appelant "la direction du DFB à la démission" car elle a fait d'Özil le "bouc émissaire" du tournoi catastrophique de l'Allemagne.
"L'équipe nationale était un modèle d'intégration qui risque désormais l'échec", a-t-il écrit.
Le milieu de terrain, qui ne cache pas sa foi musulmane, fait l'objet depuis deux ans de vives critiques de la part du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD). Mais d'autres personnalités aussi, dans le milieu du foot notamment, ont aussi mis en doute le patriotisme du joueur.
"S'il avait été champion du monde, il n'y aurait eu aucun problème", enrage du coup Abbas Haydin.
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