"C'est avec un coeur lourd et après beaucoup de réflexion que, à cause des événements récents, je ne jouerai plus pour l'Allemagne de matches internationaux aussi longtemps que je ressens du racisme et du manque de respect à mon égard", écrit le joueur d'origine turque sur son compte Twitter.
Critiqué pour une photo prise avec le président turc Tayyip Erdogan avant le Mondial russe, il a assuré que son geste n'avait "aucune intention politique".
"Comme beaucoup de gens, mes racines ancestrales recouvrent plus qu'un seul pays. J'ai certes grandi en Allemagne, mais mon histoire familiale a ses racines solidement basées en Turquie. J'ai deux coeurs, un allemand et un turc", a détaillé dimanche après-midi le milieu de terrain d'Arsenal sur Twitter.
Özil sort de son silence après avoir été au centre de la polémique, après la publication de ce fameux cliché sur lequel lui et son compatriote Ilkay Gündogan posent aux côtés du chef de l'Etat turc, alors en pleine campagne électorale pour sa réélection, finalement obtenue le 24 juin.
"Bouc émissaire"
Les relations entre l'Allemagne et la Turquie ont connu de fortes turbulences depuis le coup d'Etat manqué contre M. Erdogan en juillet 2016. L'Allemagne s'était notamment inquiétée depuis des "purges" pratiquées dans l'armée et l'administration à la suite de ce putsch.
Depuis début 2018, Berlin et Ankara travaillent à normaliser leurs relations après ces fortes tensions.
Plus grande diaspora turque au monde, la communauté d'Allemagne compte 3 millions de personnes, dont 1,4 million d'électeurs pouvant voter en Turquie.
"Il ne s'agissait pas de politique ou d'élections, mais de respecter la plus haute fonction du pays de ma famille", a souligné le joueur d'Arsenal.
Le cliché pris avec Erdogan avait valu aux deux joueurs de lourdes critiques, surtout après l'élimination précoce des champions du monde 2014 dès la phase de groupes en Russie. Certains observateurs les ont accusés de manquer de loyauté envers l'Allemagne, le manager de la Mannschaft Oliver Bierhoff allant même jusqu'à affirmer "qu'il aurait fallu envisager de se passer d'Özil" pour le Mondial.
Pour Özil, c'est surtout l'absence de soutien de la Fédération (DFB) qui l'a poussé à s'en aller: "Lors de ces deux derniers mois, ce qui m'a le plus peiné est le mauvais traitement que m'a infligé la DFB et son président Richard Grindel".
"Alors que j'ai essayé d'expliquer à Grindel mon héritage, mes ancêtres et, par conséquent, lui faire comprendre les raisons qui m'avaient amené à prendre cette photo, il était plus intéressé par le fait de parler de ses propres positions politiques et de rabaisser mon opinion", a encore écrit Özil, qui a inscrit 23 buts en 92 sélections.
"Je ne servirai plus de bouc émissaire (à Grindel) pour son incompétence et son incapacité à faire correctement son travail", a ajouté le joueur de 29 ans.
"Propagande de droite"
"Aux yeux de Grindel et de ses soutiens, je suis Allemand quand nous gagnons, mais je suis un immigrant quand nous perdons", a-t-il affirmé.
Si le champion du monde allemand, sacré en 2014 au Brésil après une 3e place en 2010, accepte de recevoir des critiques sur sa performance sportive, il refuse d'être attaqué sur ses origines ethniques.
"Si un journal ou un consultant considère que je suis fautif pendant un match, ça je peux l'accepter. Mais ce que je n'accepte pas, c'est que des médias allemands aient continuellement critiqué mon double héritage et une simple photo pour expliquer la mauvaise Coupe du monde d'une équipe entière", a-t-il déploré, dénonçant une "propagande de droite".
Pour le joueur, des limites qui le touchent personnellement ont été franchies, "les journaux essayant de monter la nation allemande contre moi".
Selon Mesut Özil, lui et sa famille ont reçu des menaces après la publication de la photo avec le prédisent turc.
Özil a également raillé un sponsor, sans le nommer, qui, dit-il, l'a retiré des vidéos promotionnelles pour la Coupe du Monde après l'apparition des photos avec Erdogan. "Pour eux, il n'était plus bon d'être vu avec moi et (ils) ont appelé la situation 'gestion de crise'".
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