Cinq suspects au total doivent être présentés dans la journée à un juge d'instruction. Il s'agit d'Alexandre Benalla, filmé frappant ou malmenant des manifestants le 1er mai, en garde à vue depuis vendredi matin, de Vincent Crase, employé de LREM à ses côtés lors de la Fête du travail, et de trois policiers soupçonnés d'avoir transmis à M. Benalla des images de vidéo-surveillance.
La femme et l'homme frappés le 1er mai ont demandé à être entendus ultérieurement par les enquêteurs.
Alors que les révélations se succèdent dans ce dossier, notamment sur les avantages accordés à l'ex-collaborateur de 26 ans (d'un logement de fonction quai Branly à un badge pour accéder à l'hémicycle du Palais Bourbon), le chef de l'Etat, confronté à sa plus grave crise politique depuis le début du quinquennat, est jusqu'alors resté silencieux.
D'après le Journal du Dimanche, Emmanuel Macron a parlé à son chargé de mission au téléphone, licencié vendredi matin, depuis les révélations du Monde mercredi soir.
Alors que le porte-parole de l'Elysée Bruno Roger-Petit avait affirmé jeudi qu'il avait été après le 1er mai "démis de ses fonctions en matière d'organisation de la sécurité des déplacements du président", M. Benalla apparaît sur plusieurs clichés récents aux côtés de M. Macron ou du couple présidentiel, notamment le 13 juillet à Giverny (Eure). L'Elysée ne fait plus aucune communication.
Les ténors de l'opposition sont montés au front pour demander au président "des comptes", selon les mots de Laurent Wauquiez (LR). L'affaire est "du niveau du Watergate", considère le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon.
Mais selon le porte-parole de La République en marche Gabriel Attal, si le président s'exprimait "sur cette affaire, on trouverait partout des commentateurs pour s'indigner du poids potentiel de ses mots sur les enquêtes en cours". "On dirait que (sa parole) interfèrerait", considère aussi Marc Fesneau, chef de file des députés MoDem, interrogé dimanche par France Info.
"Affaire Macron-Benalla"
Le premier à donner quelques explications devrait être le ministre de l'Intérieur, attendu lundi à 10H00 devant la commission des Lois de l'Assemblée, qui s'est dotée des prérogatives d'enquête. Les députés d'opposition, qui l'accusent d'avoir menti jeudi dernier devant le Sénat, ne vont pas manquer de le mettre sur le grill.
D'après Le Parisien, un déjeuner de crise aurait eu lieu samedi autour d'Emmanuel Macron à l'Elysée, réunissant Gérard Collomb et la ministre de la Justice Nicole Belloubet.
Celle-ci est en première ligne à l'Assemblée, en théorie sur le projet de révision constitutionnelle, dont l'examen est bloqué depuis jeudi soir.
L'hémicycle était encore dimanche matin le théâtre d'un bras de fer autour de ce que le patron du groupe LR Christian Jacob a appelé l'"affaire Macron-Benalla".
Dans une atmosphère tendue, l'opposition a de nouveau réclamé la venue du Premier ministre ou "au moins" du secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement.
"On ne lâche pas", assurait-on dans les rangs de la majorité, alors que samedi soir, la séance nocturne avait été écourtée après des heures de dialogue de sourds.
Les élus UDI-Agir ont pour leur part décidé de ne plus "participer à ce triste spectacle". Une scène inédite a marqué les esprits: salle des Quatre colonnes samedi en fin de journée, la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen et Christophe Castaner ont eu une vive altercation, la première déplorant notamment que ses "amis de LREM refusent" de le convoquer devant la commission d'enquête.
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