Les gardes à vue des cinq suspects, dont celle d'Alexandre Benalla, collaborateur d'Emmanuel Macron, ont été levées samedi soir dans l'enquête sur les violences commises le 1er mai à Paris. Ils seront présentés dimanche à un juge d'instruction.
Outre M. Benalla, trois policiers soupçonnés de lui avoir transmis des images de video-surveillance filmées au moment des faits ainsi que Vincent Crase, gendarme réserviste et employé de La République en marche, qui se trouvait avec lui le 1er mai, seront déférés au parquet dans la perspective de l'ouverture d'une information judiciaire.
En outre, la femme et l'homme frappés par le collaborateur d'Emmanuel Macron Alexandre Benalla, lors des manifestations du 1er mai, ont demandé à être entendus ultérieurement par les enquêteurs.
Au cœur de la tourmente, le chef de l'Etat est resté jusqu'alors silencieux. Il devait passer le week-end à travailler à Paris ou à La Lanterne près de Versailles.
L'opposition a maintenu une forte pression sur l'exécutif pour obtenir des explications sur le rôle d'Alexandre Benalla. Invité comme observateur dans le dispositif policier encadrant les défilés de la Fête du travail, celui-ci a été filmé frappant ou malmenant des manifestants.
Licencié vendredi, M. Benalla "rendra des comptes à la justice, mais Emmanuel Macron, lui, va devoir rendre des comptes aux Français", a lancé le président de LR Laurent Wauquiez dans Le Figaro. L'affaire est "du niveau du Watergate", estime le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, qui accuse Emmanuel Macron de "s'organise(r) une milice personnelle".
"Affaire individuelle"
Au Palais Bourbon, les débats sur le projet de révision constitutionnelle n'ont pas avancé d'un pouce et la séance nocturne a été annulée samedi soir et reprendra dimanche à 9h30.
LR a demandé des explications sur un badge accordé à Alexandre Benalla, qui lui permettait d'accéder à l'hémicycle. Ce badge a été attribué sur "demande du directeur de cabinet" d'Emmanuel Macron, mais désactivé vendredi, selon la présidence de l'Assemblée.
Dans les couloirs, le ton est monté, entre Marine Le Pen et Christophe Castaner, dans une scène inédite devant la presse et quelques députés sidérés. La première a reproché au second son absence dans l'hémicycle déplorant que ses "amis de LREM refusent" de le convoquer devant la commission d'enquête parlementaire.
Le domicile de M. Benalla à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) a été perquisitionné dans la journée. Fâcheux téléscopage d'événements: il devait se marier samedi matin dans la commune, selon une source à la mairie.
Les trois policiers suspendus pour lui avoir transmis mercredi soir des images de vidéo-surveillance, ont à leur tour été placés en garde à vue samedi matin. C'est justement mercredi soir que cette affaire a été révélée par le journal Le Monde.
En plus de l'enquête préliminaire de la justice, ouverte jeudi à l'initiative du parquet de Paris, une autre, administrative, a été lancée par la "police des polices".
"Faire toute la lumière"
Gérard Collomb sera entendu lundi à 10H00 par la commission des Lois, dotée des prérogatives d'enquête, a annoncé sa présidente Yaël Braun-Pivet (LREM). Le préfet de police Michel Delpuech sera, lui, auditionné à 14H00.
M. Collomb a aussi rendez-vous mardi devant la commission des Lois du Sénat.
Comme le réclamaient l'opposition à l'Assemblée, le groupe majoritaire a finalement accepté la publicité de l'ensemble des auditions, sauf dans le cas où un fonctionnaire demanderait le huis clos.
Mais la commission, dont les travaux doivent durer un mois, n'a pas été en mesure d'acter la suite du programme. Les Républicains réclament d'entendre jusqu'au secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler et Christophe Castaner, délégué général de La République en marche. Les Insoumis demandent impérativement la présence d'Alexandre Benalla.
"La majorité impose une liste très limitée ne permettant pas de faire toute la lumière sur les faits", selon les députés socialistes.
Mme Braun-Pivet a suggéré la responsable de la police des polices et le directeur de cabinet du président de la République, Patrick Strzoda, entendu jeudi comme témoin dans l'enquête judiciaire.
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