L'Elysée n'a donné aucune indication sur une éventuelle prise de parole du président. Il devait passer le week-end à travailler à Paris ou à La Lanterne, la résidence présidentielle située en marge du parc de Versailles.
Aux yeux d'une source proche de l'exécutif, de par les différentes enquêtes lancées par la justice, le Parlement ou l'IGPN (la police des polices), "tous les leviers ont été actionnés" et il n'est donc "pas nécessaire" que le président s'exprime "dans l'immédiat" au sujet de son ex-collaborateur Alexandre Benalla, en garde à vue pour des violences le 1er mai.
Mais une source dans la majorité, sidérée par la brève communication du porte-parole de l'Elysée jeudi, pense qu'"il aurait fallu communiquer vite et clairement pour tenter au moins d'enrayer l'affaire". Ce silence au sommet de l'Etat est d'autant plus dommageable que "les télés en continu tournent en boucle avec ça".
"Plus longtemps il se tait, plus cela alimente les interrogations", pressait un député d'opposition. "En gestion de crise, ils ont coché toutes les cases" pour un ratage, jugeait un autre.
Les ténors ont accru samedi la pression sur le chef de l'Etat. Pour le président de LR Laurent Wauquiez, Alexandre Benalla "rendra des comptes à la justice, mais Emmanuel Macron, lui, va devoir rendre des comptes aux Français".
Il a listé au Figaro les questions qui se posent au chef de l'Etat: "Qui était au courant? Quand? Pourquoi la justice n'a-t-elle pas été saisie? Pourquoi a-t-on été jusqu'à instrumentaliser la police pour étouffer l'affaire? De quels secrets Benalla est-il le détenteur pour avoir été ainsi protégé?".
"Watergate"
Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, a jugé l'affaire "du niveau du Watergate", qui avait conduit à la démission du président américain Richard Nixon, quand la présidente du Rassemblement national (ex-FN) Marine Le Pen a prévenu que "si Macron ne s'explique pas, l'affaire Benalla deviendra l'affaire Macron".
"Le président de la République devra obligatoirement parler aux Français, à la télévision", a assuré devant la presse Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France).
Face à ce qui est déjà dénoncé par certains comme un "scandale d'Etat", Gilles Le Gendre, porte-parole des députés LREM, accuse les oppositions d'"instrumentaliser cette affaire" parce qu'ils ""n'ont toujours pas digéré la défaite cuisante" dans les urnes il y a un an.
Pour l'exécutif, il s'agit dans l'immédiat de préparer les auditions très attendues des prochains jours, en premier lieu celle de Gérard Collomb devant la commission des Lois de l'Assemblée lundi.
D'après M. Mélenchon, "le ministre de l'Intérieur est déjà disqualifié" et "bien sûr qu'il va démissionner et il ne sera pas le seul".
"Aucun fusible ne fera oublier que tout a été piloté depuis l'Élysée", tonne M. Wauquiez.
Depuis son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a montré à plusieurs reprises qu'il n'aimait pas réagir sous la pression, notamment médiatique ou partisane.
Mais il a aussi fait évoluer sa communication ces derniers mois, passant d'une parole rare à une expression beaucoup plus fréquente, notamment lors de ses déplacements.
Lors de sa visite jeudi en Dordogne, il a refusé de répondre aux nombreuses questions des journalistes lui demandant de réagir aux révélations du quotidien Le Monde.
"La République est inaltérable!", a-t-il seulement lâché en réponse à un journaliste qui lui demandait si la République n'était pas "entachée" par cette affaire.
Certains dans la majorité espèrent encore que la fièvre retombera d'ici aux vacances de l'exécutif, prévues après le Conseil des ministres du vendredi 3 août. En attendant, Emmanuel Macron doit notamment se rendre la semaine prochaine sur une étape du Tour de France, puis en Espagne et au Portugal.
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