. Une enquête ouverte par le parquet de Paris
C'est le parquet de Paris qui a pris l'initiative, jeudi matin, d'ouvrir une enquête préliminaire, quelques heures après les révélations du journal Le Monde. Les investigations ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) et à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).
L'Elysée a reconnu avoir été rapidement au courant des agissements du conseiller Alexandre Benalla : il a été sanctionné par 15 jours de mise à pied du 4 au 19 mai et "démis de ses fonctions en matière d'organisation de la sécurité des déplacements du président", selon le porte-parole Bruno Roger-Petit. Selon des informations de presse, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb l'était également dès le 2 mai.
Selon le deuxième alinéa de l'article 40 du code de procédure pénale, le procureur de la République aurait dû être saisi pour ces faits, mais aucun membre de l'exécutif ne l'a fait, ce qui fait dire à l'opposition que le pouvoir a cherché à étouffer l'affaire.
En plus de cette enquête judiciaire, une autre, administrative, a été lancée par la "police des polices" et une troisième par l'Assemblée nationale.
. Des proches du pouvoir concernés
Deux hommes ont été placés en garde à vue vendredi : Alexandre Benalla, dont l'Elysée a annoncé le même jour le licenciement, et Vincent Crase, réserviste de la gendarmerie comme lui et employé par La République en marche. Ils ont été filmés en train de frapper des manifestants le 1er mai à Paris, place de la Contrescarpe (Ve arrondissement).
Alors "chargé de mission" à l'Elysée en tant qu'adjoint au chef de cabinet du président, Alexandre Benalla avait été autorisé à assister ce jour-là aux manifestations aux côtés des forces de l'ordre en tant qu'observateur. Il a été placé en garde à vue pour "violences en réunion par personne chargée d'une mission de service public", "usurpation de fonctions", "port illégal d'insignes réservés à l'autorité publique" et "complicité de détournement d'images issues d'un système de vidéo-protection".
Vincent Crase, présent à ses côtés et dans les mêmes conditions, a pour sa part été placé en garde à vue pour "violences en réunion par personne chargée d'une mission de service public" et "usurpation de fonctions".
Ces deux gardes à vue ont été prolongées samedi matin, pour une durée pouvant atteindre 24 heures.
Le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron à l'Elysée, Patrick Strzoda, qui part à la retraite en octobre, a été entendu comme témoin jeudi. C'est lui qui avait mis à pied M. Benalla.
. Trois policiers en garde à vue
Trois policiers, qui sont soupçonnés d'avoir transmis des images de vidéo-surveillance à M. Benalla, se trouvent également en garde à vue depuis samedi matin, pour "détournement d'images issues d'un système de vidéo-protection" et "violation du secret professionnel".
Ils appartiennent à la puissante Direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC), de la préfecture de police de Paris.
Il s'agit notamment du chef d'état-major adjoint. Il avait été un temps pressenti pour la direction de la sécurité du Paris Saint-Germain, mais son départ avait été retoqué par la commission de déontologie.
Les deux autres policiers en garde à vue sont un commissaire présent au moment des faits, et chargé de faire la liaison entre la préfecture de police et les forces mobiles, ainsi qu'un commandant en charge des relations entre la préfecture de police et l'Elysée, ont rapporté des sources proches du dossier.
Ils ont été suspendus à titre conservatoire vendredi et le ministre de l'Intérieur a "condamné lourdement" leurs agissements.
L'avocat du commissaire, Me Thibault de Montbrial, a réagi sur Twitter en affirmant que son client entendait notamment s'exprimer sur "la proximité (...) entre la plus haute hiérarchie policière et M. Benalla".
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