"La Chine, l'Union européenne et les autres manipulent leurs monnaies en baissant leurs taux d'intérêt alors que les Etats-Unis augmentent leurs taux avec un dollar devenant de plus en plus fort, jour après jour, ce qui dégrade notre compétitivité", a dénoncé le président américain dans un tweet, critiquant aussi vertement la politique monétaire de la Banque centrale américaine.
"Comme d'habitude, ce n'est pas juste", a-t-il ajouté, alors que la monnaie chinoise est à son plus bas niveau depuis un an.
Depuis avril, le yuan, billet rouge à l'effigie de Mao Tsé-toung, a perdu près de 8% de sa valeur face au dollar, avantageant l'exportation des marchandises chinoises sur le marché américain et permettant ainsi de compenser en partie les taxes punitives américaines.
Le dollar a, lui, repris de la vigueur face à l'euro depuis avril. Il fallait ainsi vendredi environ 1,17 dollar pour acheter un euro contre 1,23 dollar en avril.
Dans un autre tweet visant la Fed, Donald Trump a estimé que "les Etats-Unis ne devraient pas être pénalisés parce qu'ils vont très bien. Resserrer (la politique monétaire) fait du tort désormais à tout ce que nous avons fait", a-t-il écrit, en référence à une économie florissante dynamisée par la réforme fiscale, qui a fortement diminué les impôts des ménages et des entreprises.
La BCE n'a pas réagi, la Fed non plus, renvoyant aux commentaires des mois derniers de son président Jerome Powell défendant l'indépendance de l'institution.
La Fed, qui a entamé une sortie de la politique monétaire à taux zéro il y a deux ans, prévoit de relever graduellement son taux directeur encore deux fois cette année pour le situer à près de 2,50%, au lieu de 2% aujourd'hui, pour maîtriser l'inflation et éviter une surchauffe après le stimulus budgétaire massif qui favorise, entre autres, la hausse des prix.
Plus tôt, Donald Trump s'en était pris à Pékin, affirmant qu'il était prêt à imposer des taxes punitives sur la totalité des importations chinoises.
"Je suis prêt à aller jusqu'aux 500", a-t-il dit sur la chaîne de télévision CNBC, une allusion aux 505,5 milliards de dollars de marchandises chinoises importées par les Etats-Unis en 2017. "Je ne le fais pas à des fins politiciennes, je le fais pour faire ce qui est bon pour notre pays", a-t-il assuré, accusant la Chine d'"arnaquer" depuis longtemps les Etats-Unis.
Le président américain, qui accuse Pékin de pratiques "déloyales" et de "vol de propriété intellectuelle", exige du géant asiatique de réduire le déficit américain de 200 milliards de dollars.
Mais après une trêve de courte durée au printemps, la Maison Blanche a mis en oeuvre le 6 juillet des taxes douanières supplémentaires de 25% sur 34 milliards de dollars d'importations chinoises. Seize milliards de dollars d'importations doivent être en outre prochainement taxées.
"Plus grande guerre commerciale"
Les autorités chinoises, qui dénoncent des actes "irrationnels" du président américain, estiment que Washington a déclenché "la plus grande guerre commerciale de l'histoire économique".
"J'aime vraiment beaucoup le président Xi (Jinping). Mais c'est très injuste", a insisté Donald Trump.
Mi-avril, le Trésor américain avait estimé que la Chine ne manipulait pas sa monnaie mais avait placé sous surveillance le pays de même que la Corée du Sud, de l'Allemagne, du Japon, de la Suisse et de l'Inde.
Les économistes s'inquiètent de la politique commerciale agressive des Etats-Unis.
Cette semaine, le Fonds monétaire international (FMI) a certes maintenu sa prévision de croissance mondiale à 3,9% pour 2018 et 2019 mais sa directrice générale, Christine Lagarde, a souligné qu'il s'agissait probablement d'un pic.
Et Maurice Obstfeld, économiste en chef du Fonds, a en outre estimé que les tensions commerciales constituaient "la menace la plus grande à court terme pour la croissance mondiale".
D'autant que la Maison Blanche s'est lancée dans un conflit commercial non seulement avec Pékin mais encore avec ses principaux partenaires tels que l'Union européenne, le Canada ou le Mexique.
L'administration Trump envisage notamment des taxes punitives sur le secteur stratégique de l'automobile, suscitant une vive inquiétude à l'étranger comme aux Etats-Unis, où industriels et syndicats redoutent de massives suppressions d'emplois.
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, rencontrera Donald Trump le 25 juillet dans la capitale fédérale pour tenter de désamorcer le conflit commercial.
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