"Je suis prêt à aller jusqu'aux 500", a affirmé Donald Trump sur la chaîne de télévision américaine CNBC, une allusion aux 505,5 milliards de dollars de produits chinois importés par les Etats-Unis en 2017.
"Je ne le fais pas à des fins politiciennes, je le fais pour faire ce qui est bon pour notre pays", a-t-il assuré, estimant comme il l'a maintes fois répété que "cela faisait longtemps que la Chine [les] arnaquait".
Jeudi, le président américain avait dénoncé la montée du dollar, dopé par les perspectives de relèvements des taux et par les conflits commerciaux. "Regardez l'euro (...) il tombe! La Chine: leur monnaie est en chute libre. Cela nous met dans une position désavantageuse", avait-il fustigé.
Le président américain, qui accuse Pékin de pratiques "déloyales" et de "vol de propriété intellectuelle", entend réduire le colossal déficit commercial des Etats-Unis avec ses partenaires. Il exige du géant asiatique de réduire le déficit américain de 200 milliards de dollars.
Mais après des semaines de négociations et une trêve avortée, la Maison-Blanche a mis en oeuvre le 6 juillet des taxes douanières supplémentaires de 25% sur 34 milliards de dollars d'importations chinoises. Seize milliards de dollars d'importations doivent être en outre prochainement taxées.
La Chine a répliqué à l'identique, ce qui a provoqué une nouvelle slave de taxes punitives. Le 10 juillet, Donald Trump a en effet annoncé des tarifs douaniers punitifs de 10% portant sur 200 milliards de dollars de marchandises chinoises.
Outre un déficit commercial abyssal, Washington reproche à Pékin le transfert de technologies américaines imposé lorsque les entreprises américaines constituent des coentreprises avec les Chinois pour faire affaire sur le marché chinois.
Les autorités chinoises, qui dénoncent des actes "irrationnels" du président américain, estiment que Washington a déclenché "la plus grande guerre commerciale de l'histoire économique".
Pékin a aussi fait part du dépôt "immédiat" d'une plainte supplémentaire contre les Etats-Unis devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Dégringolade du yuan
"Je ne veux pas qu'ils aient peur", a encore déclaré le président américain, toujours à propos des Chinois. "J'aime vraiment beaucoup le président Xi (Jinping). Mais c'est très injuste", a-t-il insisté.
Les économistes multiplient les mises en garde contre la politique commerciale agressive des Etats-Unis envers le reste du monde.
Cette semaine, le Fonds monétaire international (FMI) a maintenu sa prévision de croissance 2018 à 3,9% mais sa directrice générale Christine Lagarde a souligné qu'il s'agissait probablement d'un pic.
Maurice Obstfeld, économiste en chef du Fonds, a en outre estimé que les tensions commerciales constituaient "la menace la plus grande à court terme pour la croissance mondiale".
D'autant que l'empire du Milieu n'est pas le seul visé par la politique ultra protectionniste américaine.
La Maison-Blanche a déjà imposé au printemps des taxes de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium non seulement à Pékin, mais aussi à ses principaux partenaires tels que l'Union européenne, le Canada ou le Mexique.
L'administration Trump a en outre lancé une enquête en vue d'imposer des taxes punitives sur le secteur stratégique de l'automobile.
Des auditions ont commencé jeudi au département du Commerce. Les industriels et les syndicats américains ont fait part de leur vive inquiétude, estimant, études à l'appui, que ce conflit pourrait coûter jusqu'à 715.000 emplois aux Etats-Unis.
Mais Wilbur Ross a indiqué que si les taxes étaient jugées légitimes pour défendre la sécurité nationale du pays, elles seraient imposées quelle que soit l'ampleur de l'opposition.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker rencontrera Donald Trump le 25 juillet dans la capitale fédérale pour tenter de désamorcer le conflit commercial.
En Chine, l'heure n'est pas aux négociations qui apaiseraient les tensions.
Mais les exportateurs du géant asiatique bénéficient actuellement de la dégringolade de sa monnaie qui est tombée à son plus bas niveau depuis un an.
Depuis avril, le yuan, billet rouge à l'effigie de Mao Tsé-toung, a perdu près de 10% de sa valeur face au dollar, avantageant les produits chinois sur le marché américain.
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