"Cela m'a fait mal que mes évêques se soient comportés comme des putschistes, (...) ils se sont disqualifiés comme médiateurs, comme témoins (dans le dialogue), parce que leur message était le coup d'Etat", a déclaré, jeudi après-midi à Managua, le chef de l'Etat de 72 ans lors de cette cérémonie qui a réuni des milliers de ses partisans.
Les évêques font office de médiateur entre le gouvernement et l'opposition dans la crise politique qui, depuis trois mois, a fait plus de 280 morts et quelque 2.000 blessées.
La Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN), présidée par le cardinal Leopoldo Brenes, a appelé à une réforme du pouvoir et à l'organisation d'élections générales anticipées en 2019 au lieu de 2021, date de la fin du mandat de M. Ortega. Ce dernier a rejeté ces propositions.
"Des églises servent de casernes"
L'ancien guérillero admirateur du Che, qui participait à cette cérémonie aux côtés de son épouse Rosario Murillo, a également affirmé que "de nombreuses églises servent de casernes pour stocker des armes, stocker des bombes".
Il a qualifié les manifestations qui ont débuté le 18 avril de "sataniques" et estimé qu'elles sont une "conspiration armée" financée par les Etats-Unis.
Lors de cette cérémonie anniversaire, les participants ont brandi des drapeaux rouges et noirs, aux couleurs du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche).
La foule a scandé "Non, il ne part pas, il reste".
"Nous sommes venus affirmer une fois de plus que le peuple soutient Daniel (Ortega) et que le FSLN est l'unique option qui s'occupe des intérêts du peuple", a déclaré Alina Manzanares, 51 ans, à l'AFP.
D'ordinaire, les commémorations du 19 juillet attirent des dirigeants de la gauche d'autres pays, mais cette année, vu le contexte, le gouvernement a revu à la baisse l'ampleur des festivités.
Mercredi, des paramilitaires fidèles au président ont assis leur contrôle sur la ville de Masaya, bastion de l'opposition violemment repris la veille, s'attirant les condamnations de la communauté internationale.
Il s'agit du dernier épisode de violence dans ce petit d'Amérique centrale secoué depuis trois mois par des manifestations exigeant le départ de M. Ortega durement réprimées.
Le FSLN est l'unique guérilla latino-américaine ayant remporté une victoire militaire, contre le dictature des Somoza en 1979, avant de perdre le pouvoir la décennie suivante à l'issue d'un violent conflit avec des contre-révolutionnaires armés par les Etats-Unis, puis de le reprendre à nouveau, mais par les urnes.
Le parti au pouvoir applique désormais scrupuleusement les recommandations du Fonds monétaire international (FMI), dont le projet de réforme des retraites a été le détonateur de la colère populaire en avril.
"Ce gouvernement a massacré"
Les figures de l'opposition ont appelé les Nicaraguayens à rester chez eux jeudi.
En ce jour férié, les rues de Managua semblaient calmes et aucun incident n'avait été rapporté à la mi-journée.
"Que va-t-on fêter aujourd'hui? Rien. On est mal, pauvres, tout est cher, il n'y a personne dans la rue. Ce qui s'est passé à travers le pays est horrible", a déclaré à l'AFP Petrona Amador, une retraitée de 82 ans.
"Avant, on faisait la fête avec joie, mais ce gouvernement a massacré, assassiné et arrêté beaucoup de gens", a estimé Gerardo, chauffeur de taxi et ancien militaire.
Les milieux d'affaires, alliés traditionnels du président, ont demandé jeudi le départ de Daniel Ortea. "Le Nicaragua ne sera pas un pays viable pour la paix et le développement tant que le régime actuel restera en place", a déclaré le Comité coordinateur des associations agricoles, commerciales, industrielles et financières (CACIF), influente organisation de chefs d'entreprises nicaraguayens.
Sur le plan diplomatique, jeudi, le Panama s'est déclaré, par l'intermédiaire du ministre intérimaire des Affaires étrangères Luis Miguel Hincapie, prêt à participer à tout processus de dialogue pouvant permettre de résoudre la grave crise que traverse le Nicaragua.
De son côté, le Costa Rica, pays frontalier du Nicaragua, a ouvert deux lieux destinés à accueillir le nombre croissant de migrants fuyant le Nicaragua. Selon le ministre des Affaires étrangères Epsy Campbell, chaque jour, "entre 100 et 150 personnes arrivent pour la première fois au Costa Rica"
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