Dès la reprise des discussions en matinée, l'élu LR Eric Ciotti attaque la garde des Sceaux Nicole Belloubet sur les faits "extrêmement graves" révélés mercredi soir par Le Monde sur le collaborateur de l'Elysée Alexandre Benalla, montré frappant un manifestant dans une vidéo tournée le 1er mai.
La ministre évoque des "gestes absolument inadaptés" et ajoute que "si cela paraît nécessaire", le procureur prendra "les décisions qui s'imposent", alors que quasiment au même moment, le parquet de Paris annonce l'ouverture d'une enquête préliminaire.
Les débats sur le texte constitutionnel, à leur huitième jour et loin d'être achevés avec encore quelque 1.500 amendements au menu (week-end inclus), se poursuivent alors dans un calme relatif.
Mais peu avant la pause de mi-journée, l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon hausse le ton dans les couloirs, et réclame la saisie d'un juge d'instruction et des sanctions pour les responsables à l'Elysée. Dans l'hémicycle, des communistes ou socialistes demandent que le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb vienne s'expliquer.
Dans les rangs de la majorité, certains se demandent comment éteindre l'incendie, ne voyant "pas d'autres solutions" qu'un départ de M. Benalla. "Il ne serait pas inutile que la mise à pied temporaire se transforme en retrait définitif ou, à tout le moins, en retrait de l'Elysée jusqu'à la décision de justice", observe Florent Boudié (LREM).
Côté opposition, l'affaire relance les demandes de création d'une commission d'enquête sur les violences ayant émaillé le 1er-Mai à Paris, émanant des Insoumis, communistes et socialistes, mais aussi de LR, qui a redéposé une résolution, ciblée sur l'affaire.
Qui a donné les ordres? Quel rôle a eu le collaborateur de l'Elysée? Le ministre de l'Intérieur était-il au courant? demandent notamment les Insoumis.
"Réunion de crise"
A la reprise des travaux à 15 heures, les rappels au règlement se succèdent pendant plus de deux heures, les oppositions réclamant encore des explications de l'exécutif et une réponse sur la commission d'enquête.
"Qu'est-ce qui a justifié que sa hiérarchie, au premier rang le président de la République, a décidé de cacher cette affaire à la justice ?", demande notamment le patron des LR Christian Jacob.
"Ne laissez pas cette affaire pourrir", lance Jean-Luc Mélenchon. Sébastien Jumel dénonce "un véritable scandale d'Etat".
Dans les couloirs, Gilles Le Gendre, un des vice-présidents LREM, affirme que son groupe "ne souhaite pas de commission d'enquête parlementaire" et plaide pour attendre les résultats de l'enquête de la justice et de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Et il accuse les oppositions de "se lier depuis trois heures pour instrumentaliser cette affaire et bloquer le débat constitutionnel".
Après une longue suspension de séance, le président de l'Assemblée François de Rugy (LREM) dit souhaiter "que le gouvernement puisse (...) s'exprimer", mais ne pas avoir "de réponse à ce stade" aux demandes des oppositions.
Le patron des députés LREM Richard Ferrand intervient: il n'a "pas l'impression qu'à ce stade il soit raisonnable de penser (...) qu'il y aurait une volonté d'étouffer quoi que ce soit".
Pour l'opposition, "il s'agit de se saisir d'une situation pour lui donner une dimension plus politique", lance-t-il sous des protestations.
Il ne s'opposerait pas à une commission d'enquête parlementaire, "si les conditions juridiques sont réunies", et invite ses collègues à créer les conditions pour "reprendre sereinement" les débats. Nouvelle suspension.
Vers 18h00, réunion de crise sur les marches de la cour d'honneur, constate un journaliste de l'AFP. Christophe Castaner, Nicole Belloubet, François de Rugy, Richard Ferrand et d'autres ténors de la majorité dont Marc Fesneau (MoDem) ou Yaël Braun-Pivet, discutent en petits groupes, cherchant visiblement une porte de sortie. Un "conciliabule des chapeaux à plumes", tacle le LR Philippe Gosselin sur Twitter.
En fin de journée, les présidents de groupe se réunissent autour de M. de Rugy.
parl-chl/ic/chr/jcc
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