Trois jours après la pire confrontation armée entre Israël et le Hamas depuis la guerre les ayant opposé en 2014, le ministère de la Défense israélien a suspendu jusqu'à dimanche les livraisons de fioul et de gaz via Kerem Shalom, le seul point de passage de marchandises entre Israël et ce territoire palestinien en crise humanitaire.
La semaine dernière, Israël avait déjà annoncé la fermeture de ce point de passage pour nombre de marchandises, le Hamas qui contrôle l'enclave palestinienne dénonçant un "crime contre l'humanité".
Israël a aussi réduit la zone maritime ouverte aux pêcheurs de Gaza.
Depuis plus de dix ans, la bande de Gaza, coincée entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée, est soumise à un strict blocus terrestre, maritime et aérien imposé par Israël.
Le renforcement de ce blocus intensifie la pression sur le Hamas dans un territoire où quelque 80% des deux millions d'habitants sont tributaires d'une aide, selon la Banque mondiale.
Rafah, l'autre point de passage des biens vers Gaza ouvrant vers l'Egypte, était aussi fermé mardi matin, a constaté un journaliste de l'AFP, sans qu'une confirmation officielle en détaille les raisons. Il était fermé de manière quasi-permanente depuis quelques années mais avait rouvert depuis mi-mai.
"Tuer les incendiaires"
Depuis plus d'une semaine, Israël durcit sa réponse aux cerfs-volants et ballons enflammés lancés depuis Gaza, qui ont incendié plus de 2.600 hectares de terres israéliennes, selon les autorités.
Après les pierres, ces engins artisanaux, le plus souvent fabriqués avec un morceau de bois, du plastique et des tissus enflammés, sont devenus le symbole de la mobilisation palestinienne contre le blocus.
Depuis le 30 mars, les Gazaouis manifestent régulièrement le long de la barrière qui sépare Israël de Gaza pour dénoncer le blocus et exiger le retour des réfugiés palestiniens chassés ou qui ont fui de leurs terres en 1948 lors de la création de l'Etat d'Israël. Nombre de ces réfugiés vivent depuis à Gaza.
Au moins 144 Palestiniens ont été tués par l'armée israélienne depuis le début de ce mouvement. Aucun Israélien n'a trouvé la mort.
En visite lundi dans les localités voisines de la bande de Gaza, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a rappelé que son pays considérait les cerfs-volants enflammés comme des violations du cessez-le-feu avec le Hamas.
"Si je ne me fais pas comprendre par les mots, le message sera clarifié par des actions de l'armée", a-t-il prévenu.
Lors d'un exercice militaire dans le sud du pays, le ministre de la défense Avigdor Lieberman a affirmé: "Nous pouvons vaincre n'importe quel ennemi...mais nous déciderons les règles du jeu".
"Jouer avec le feu"
Lundi, l'armée israélienne a attaqué deux positions du Hamas d'où, selon elle, des ballons incendiaires avaient été lancés.
Mardi, l'armée a affirmé avoir mené un raid aérien contre "un groupe ayant lancé des ballons incendiaires dans le nord de la bande de Gaza".
"L'occupation israélienne a exagéré les dégâts causés par les cerfs-volants et les ballons, afin de justifier son attaque contre Gaza", a réagi Sami Abou Zohri, un porte-parole du Hamas. "L'occupation israélienne joue avec le feu si ses avions de guerre visent les lanceurs de cerfs-volants", a-t-il ajouté.
Pour Israël, le Hamas a la capacité de stopper les cerfs-volants.
"Rien ne se passe à Gaza sans le consentement du Hamas", a affirmé à l'AFP Gabi Siboni, directeur de l'Institut israélien des études de sécurité nationale et ancien officier de l'armée israélienne, précisant que les cerfs-volants pourraient être à l'origine d'une nouvelle escalade militaire.
Pour Jamal al-Fadi, professeur de science politique à Gaza, le Hamas pourrait stopper ces projectiles mais il les utilise pour faire pression sur Israël.
"Le Hamas est limité dans sa réponse militaire", a-t-il expliqué à l'AFP. "Il n'a pas intérêt à aller à la confrontation car les gens ne veulent pas d'une guerre à moins qu'elle soit imposée par Israël".
Samedi, Israël avait mené des dizaines de raids aériens, en réponse aux projectiles incendiaires et aux manifestations le long de la barrière qui le sépare de Gaza, tuant deux adolescents palestiniens de 15 et 16 ans. Environ 200 roquettes et obus avaient été tirés en réponse depuis l'enclave vers Israël. Le Hamas avait annoncé plus tard qu'un cessez-le-feu avait été conclu grâce à une médiation égyptienne.
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