"Il est absolument essentiel que cesse immédiatement la violence et que soit relancé le dialogue national, parce que seule une solution politique est acceptable pour le Nicaragua", a déclaré lundi le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
"Une responsabilité essentielle de l'Etat est la protection de ses citoyens, et ce principe fondamental ne peut pas être oublié, surtout lorsque nous avons malheureusement un nombre de morts qui est absolument choquant", a dit M. Guterres à San José lors d'une intervention au côté du président du Costa Rica, Carlos Alvarado.
Depuis Bruxelles, où se tient jusqu'à mardi une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) et de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), 13 pays d'Amérique latine ont réclamé lundi dans une déclaration commune "la cessation immédiate des actes de violence" au Nicaragua.
Ces pays condamnent les violences qui ont causé "plus de 300 morts et des centaines de blessés" et la "répression" des autorités contre des étudiants et des civils et réclament "le démantèlement de groupes paramilitaires".
Les 13 pays exhortent également Managua à "réactiver le dialogue national" qui "implique toutes les parties pour générer des solutions pacifiques et durables" et expriment leur soutien aux évêques nicaraguayens dans leur travail "en faveur de la recherche et de la promotion de solutions au conflit".
Le document est signé par l'Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala, le Honduras, le Mexique, le Panama, le Paraguay, le Pérou, l'Uruguay et l'Equateur.
Pression européenne
Dimanche, la diplomatie européenne avait condamné "les actes de violence contre les étudiants et les civils" au Nicaragua, appelant à "mettre fin à toute violence" et à "une solution pacifique et démocratique dans le pays dans le cadre du dialogue national".
La France et l'Espagne ont également appelé les autorités nicaraguayennes à cesser leur "répression" après la mort d'au moins dix personnes dimanche.
"La France condamne les attaques perpétrées ces derniers jours par les forces de police et les unités paramilitaires contre des responsables religieux et des manifestants pacifiques, notamment des étudiants", a déclaré le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Le gouvernement de l'Espagne condamne tous les faits de violence survenus récemment au Nicaragua et réitère la nécessité de respecter les droits de réunion, de manifestation et la liberté d'expression", a écrit dans un communiqué le ministère espagnol des Affaires étrangères.
L'Espagne, dirigée depuis le 1er juin par le socialiste Pedro Sanchez, souhaite "que toutes les morts survenues dans cette crise depuis le 18 avril fassent l'objet d'une enquête et soient jugées".
Le département d'État américain a pour sa part exhorté M. Ortega "à cesser immédiatement sa répression contre le peuple".
Six civils et quatre policiers ont trouvé la mort dimanche dans des opérations des forces de police et paramilitaires à Masaya, une ville rebelle située à une trentaine de kilomètres de la capitale Managua, et dans ses environs.
Dans la nuit de vendredi à samedi, deux jeunes avaient été tués durant une attaque menée par les forces pro-gouvernementales contre une église de Managua, où quelque 200 étudiants s'étaient retranchés.
Il s'agit des derniers épisodes en date dans les violences qui secouent depuis trois mois ce pays, le plus pauvre d'Amérique centrale.
"Qu'ils s'en aillent"
"Qu'ils s'en aillent!", ont scandé lundi des centaines d'étudiants qui ont défilé dans les rues de la capitale, déterminés à protester "jusqu'à ce que ces criminels démissionnent".
"Même s'ils nous tuent et nous répriment, on va poursuivre cette lutte", ont-ils lancé en réclamant "justice" pour leurs camarades tués lors des affrontements avec les forces de l'ordre.
"Non a la répression. Ortega assassin, tu vas finir par partir", pouvait-on lire sur une pancarte de la marche, qui s'est terminée devant la prison d'El Chipote, dans le centre de la capitale. Des centaines de jeunes ont été arrêtés au cours des manifestations de ces dernières semaines.
Le gouvernement qualifie les protestataires de "putschistes" et de "délinquants".
Un mouvement de protestation, dont les étudiants sont le fer de lance, a été lancé le 18 avril contre le gouvernement de Daniel Ortega.
Le chef de l'Etat, 72 ans, à la tête du Nicaragua depuis 2007 après l'avoir déjà dirigé de 1979 à 1990, est accusé d'avoir durement réprimé les manifestations et mis en place avec son épouse Rosario Murillo, qui occupe les fonctions de vice-présidente, une "dictature" marquée par la corruption et le népotisme. Ses adversaires demandent des élections anticipées ou son départ.
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