Célébrer sans trop en faire: la modestie était de mise lundi à la tête de l'exécutif, soucieux de ne pas être taxé de récupération politique.
"Le président est à sa place: il accompagne ce grand moment d'émotion", avait-on indiqué dans son entourage.
Lundi, en recevant les 23 Bleus dans une ambiance joyeusement décontractée après leur triomphale descente des Champs-Elysée, il a chanté sur le perron La Marseillaise, entamée a capella par Olivier Giroud.
En arrivant dans les jardins du Palais, où attendaient 3.000 invités, dont de très nombreux jeunes venus des clubs de foot formateurs des champions du monde, Emmanuel Macron a exhorté les champions du monde à "ne pas changer".
Dans un discours très court, il leur a de nouveau dit "merci". "Merci d'avoir apporté cette coupe, merci de nous avoir rendus fiers, merci d'avoir mouillé le maillot, merci d'avoir été unis", a-t-il dit.
Mais, a-t-il ajouté, "n'oubliez jamais d'où vous venez". Et de désigner les responsables des "clubs qui vous ont formés" et "les parents qui n'ont pas compté leur temps". "C'est ça la France!", a-t-il conclu.
L'enthousiasme présidentiel, débridé et spectaculaire, s'était exprimé dès le coup de sifflet final, dimanche soir: des images qui ont fait le tour du monde l'ont montré bondissant de son siège, les poings victorieux, pour fêter un but ou jubilant au milieu des joueurs dans le vestiaire.
"Il en a fait beaucoup mais je crois qu'il l'a fait sincèrement (...) Ne boudons pas notre plaisir !", a commenté lundi l'ancien ministre socialiste des Sports Patrick Kanner, habituellement plus critique du chef de l'État.
Pour Bernard Sananès, président de l'institut Elabe, Emmanuel Macron "a réussi à trouver le bon dosage" à Moscou, "aidé par une vraie sincérité de son côté fan de foot".
"C'est dans la nature théâtrale d'Emmanuel Macron", renchérit Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de communication politique. "C'était un peu surjoué... Mais on était dans l'émotion. C'est maintenant qu'il va falloir être dans la sobriété, car les Français ne sont pas dupes".
"Réveillez-vous!"
Après la victoire, le président s'est adressé dans les vestiaires aux Bleus, qu'il a appelés "mes enfants", en les remerciant d'avoir "fait rêver 60 millions de Français et des gamins partout".
Mais il n'a pas eu à en rajouter car les Bleus ont passé à l'unisson le message politique en lançant, comme Paul Pogba, "Bravo! La République ! La République !". L'exécutif avait déjà été surpris lorsque Antoine Griezmann avait été le premier à crier "Vive la France, vive la République !" à l'issue de la victoire contre l'Argentine le 30 juin.
"Ce sont les joueurs et eux seuls qui racontent l'histoire qu'ils ont envie de raconter. Et ce sont eux et eux seuls qui ont décidé de faire rimer universalité du football et universalité de la République", a souligné lundi le porte-parole de l'Élysée, Bruno Roger-Petit.
Pour Philippe Moreau Chevrolet, le discours "positif et non politisé" des joueurs peut profiter à Emmanuel Macron en lui permettant de "retrouver la dynamique de sa campagne", basée sur "le retour d'une France qui gagne quand elle est rassemblée". Il peut aussi profiter de "l'impression qu'il a décidément la baraka, que tout lui réussit", selon l'expert.
Le chef de l'État va sûrement "essayer de donner du sens au succès", estime aussi Bernard Sananès.
Avec la perspective de bénéficier durant l'été d'une hausse de la popularité dans les sondages même s'il en faudra plus pour gommer l'image de "président des riches", selon les experts.
"Les Français font la part des choses: le sport d'un côté, la politique de l'autre", insiste Philippe Moreau Chevrolet. "En 1998, la Coupe du Monde avait été politisée, ce qui n'est plus possible aujourd'hui. Car les Français ont été déçus il y a 20 ans".
L'ancien champion du Monde Frank Lebœuf a toutefois lancé lundi un appel: "Messieurs les politiques, réveillez-vous ! Quand est-ce que vous aurez compris que le sport est un vecteur d'union sacrée dans la population ?", a-t-il déclaré sur BFMTV et RMC.
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