Le match habituel entre Airbus et Boeing pour la conquête du maximum de contrats a certes débuté sur les chapeaux de roue dans cette grand messe du secteur près de Londres, mais les yeux des professionnels se sont tournés aussi vers les politiques à moins de neuf mois du départ britannique prévu de l'Union européenne.
En visite dans la matinée, la Première ministre Theresa May a assuré que le Royaume-Uni voulait "rester l'un des meilleurs endroits au monde pour les entreprises aéronautiques et l'un des leaders mondiaux de l'innovation" dans ce domaine - sur fond d'inquiétude face à d'éventuelles barrières au commerce avec l'UE après le Brexit.
Elle a entre autres annoncé le lancement d'un nouvel avion de combat, le "Tempest", un projet auquel participent les industriels britanniques BAE et Rolls-Royce, mais aussi l'italien Leonardo et le fabricant européen de missiles MBDA.
Cette annonce intervient quelques mois après que Français et Allemands ont officialisé leur coopération pour la fabrication d'un avion de combat commun, avec un rapprochement des deux adversaires de toujours, l'européen Airbus et le français Dassault Aviation.
Face à ce rapprochement, les Britanniques craignent d'être des laissés-pour-compte et ont donc entamé lundi leurs propres travaux exploratoires - dotés d'une enveloppe initiale de deux milliards de livres jusqu'à 2025.
Mme May a promis en outre des financements public-privé de 343 millions de livres pour soutenir la recherche et développement dans le secteur aéronautique civil.
La Première ministre a aussi rencontré le patron d'Airbus Tom Enders. Ce dernier a mis en garde à plusieurs reprises contre un "Brexit dur" qui pourrait pousser l'avionneur européen à arrêter ses investissements au Royaume-Uni où il fabrique les ailes de ses avions.
Absorption des petits
Outre ces craintes quant à ce divorce, le secteur s'inquiète des conséquences fâcheuses à court terme de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis. Le PDG de Boeing Dennis Muilenburg a fait part dimanche soir de sa préoccupation à ce sujet, même si aucun effet ne s'est fait sentir à ce jour, soulignant que le secteur aérospatial se nourrissait "d'un commerce libre et ouvert".
A long terme, le secteur aérien fait néanmoins preuve d'un bel optimisme pour l'avenir, symbolisé par 30 milliards de dollars de contrats au prix catalogue pour Airbus et une douzaine de milliards pour Boeing au premier jour du principal salon européen de l'année.
Via une demi-douzaine d'annonces de contrats chacun, les deux géants ont confirmé la bonne santé du marché qui devrait doubler en volume d'ici vingt ans.
"Nous avons revu à la hausse nos estimations pour les vingt prochaines années. Nous estimons que le monde aura besoin d'environ 43.000 nouveaux avions commerciaux", a déclaré M. Muilenburg.
Airbus, qui a publié ses propres prévisions la semaine dernière, estime le besoin à 37.390 avions et cargo neufs au cours des vingt prochaines années, pour une valeur de 5.800 milliards de dollars.
Loin de les affaiblir, la rivalité qui oppose les deux géants a consacré leur omnipotence sur le marché et leur a permis de se renforcer au travers d'alliances avec leurs rivaux plus petits, le Canadien Bombardier et le Brésilien Embraer.
Airbus et Bombardier ont annoncé leur rapprochement spectaculaire en octobre dernier autour du programme CSeries du Canadien, rebaptisé depuis A220. Les deux avionneurs espèrent vendre "au moins 3.000" exemplaires au cours des vingt ans à venir, ce qui représente 50% de ce marché.
De son côté, Boeing a annoncé un partenariat grâce auquel il s'empare de la totalité des activités civiles d'Embraer pour 3,8 milliards de dollars. Cette opération, effective en 2019, lui permettra de concurrencer son rival européen mais l'Américain voit plus loin et mise sur les domaines de la recherche et développement et des services.
Car par delà ces rapprochements, les deux géants ont décidé de tirer profit de la croissance dans les services et la maintenance qui accompagne celle de la flotte d'avions dans le monde, grâce notamment au numérique et au "big data".
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