La Première ministre britannique est arrivée dans la matinée à ce salon, dans le sud-ouest de Londres, et a immédiatement assuré que le Royaume-Uni voulait "rester l'un des meilleurs endroits au monde pour les entreprises aéronautiques et l'un des leaders mondiaux de l'innovation" dans ce domaine - sur fond d'inquiétude face à d'éventuelles barrières au commerce avec l'UE après le Brexit.
Mme May a promis entre autres des financements public-privé de 343 millions de livres pour soutenir la recherche et le développement dans ce secteur au Royaume-Uni.
La Première ministre a aussi rencontré le patron d'Airbus, Tom Enders, qui a alerté plusieurs fois contre un "Brexit dur" qui pourrait pousser l'avionneur européen à stopper ses investissements au Royaume-Uni, où il fabrique les ailes de ses avions.
Les deux principaux avionneurs mondiaux n'en ont pas moins annoncé plusieurs commandes dès les premières heures du salon. L'américain Boeing d'abord, avec une commande de quatorze 777 en version fret au profit de DHL pour 4,7 milliards de dollars au prix catalogue. Airbus lui a répondu sur le segment long-courrier avec 27 A350 commandées par les compagnies chinoise Sichuan Airlines et taïwanaise Starlux, pour près de 8,8 milliards de dollars.
Les deux géants ont poursuivi sur le segment moyen-courrier, avec la commande de 30 737 MAX par le loueur d'avion Jackson Square Aviation (3,5 milliards de dollars), et celle de 50 A320 (5,5 milliards de dollars).
Ces annonces en rafale confirment la bonne santé sur marché, qui devrait doubler en volume d'ici 20 ans. "Nous continuons à voir le marché de l'aérospatial croitre très fortement", a déclaré dimanche le PDG de Boeing, Dennis Muilenburg, à la veille du salon.
"Nous avons revu à la hausse nos estimations pour les 20 prochaines années. Nous estimons que le monde aura besoin d'environ 43.000 nouveaux avions commerciaux", a-t-il précisé.
Airbus, qui a publié ses propres prévisions la semaine dernière, estime le besoin d'avions neufs à 37.390 avions et cargo neufs au cours des 20 prochaines années, pour une valeur de 5.800 milliards de dollars.
Guerre commerciale
Le géant européen évalue la flotte mondiale d'avions en service en 2037 à 48.000 appareils à la faveur d'une croissance du trafic aérien solide de 4,4% par an. Boeing publiera le détail de ses propres estimations mardi, au deuxième jour du salon aéronautique.
Loin de les affaiblir, la rivalité qui oppose les deux géants a consacré leur omnipotence sur le marché et leur a permis de se renforcer au travers d'alliances avec leurs rivaux plus petits, le canadien Bombardier et le brésilien Embraer.
Airbus et Bombardier ont annoncé leur rapprochement spectaculaire en octobre dernier autour du programme CSeries du canadien, rebaptisé depuis A220. Les deux avionneurs espèrent vendre "au moins 3.000" exemplaires au cours des 20 ans à venir, ce qui représente 50% de ce marché.
De son côté, Boeing a annoncé un partenariat grâce auquel l'avionneur américain s'empare de la totalité des activités civiles de l'avionneur brésilien Embraer pour 3,8 milliards de dollars. Cette opération, effective en 2019, lui permettra de concurrencer son rival européen mais l'américain voit plus loin. Il entend en tirer profit dans les domaines de la recherche et développement et dans les services.
Car par delà ces rapprochements, les deux géants ont décidé de tirer profit de la croissance dans les services et la maintenance qui accompagne celle de la flotte d'avions dans le monde, grâce notamment au numérique et au big data.
Mais si les perspectives à long terme sont extrêmement favorables, des nuages viennent assombrir le tableau à plus court terme, le Brexit mais aussi les menaces de guerre commerciale notamment entre la Chine et les Etats-Unis. Le patron de Boeing a fait part de sa préoccupation à ce sujet, même si aucun effet ne s'est fait sentir à ce jour, a-t-il indiqué.
"L'aérospatial se nourrit du commerce mondial, d'un commerce libre et ouvert", a souligné Dennis Muilenburg.
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