"Nous travaillons avec les autorités algériennes. Les choses avancent, c'est un travail délicat. J'espère que nous allons trouver la solution adéquate", a confié jeudi la ministre de la Justice Nicole Belloubet sur Radio Classique assurant qu'"en tous cas, Beghal sera sous une surveillance absolue".
Considéré comme le mentor de Chérif Kouachi et d'Amédy Coulibaly, deux des auteurs des attentats de janvier 2015 à Paris, Djamel Beghal, 52 ans, est dans le viseur des autorités françaises depuis le milieu des années 1990. Il a été déclaré expulsable en 2007, deux ans après avoir été condamné à 10 ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste.
Ce lundi, il a terminé de purger une seconde peine de 10 ans de prison pour un projet d'évasion en 2010 de Smaïn Aït Ali Belkacem, ancien du Groupe islamique armé algérien (GIA) condamné à perpétuité pour l'attentat à la station RER Musée d'Orsay en 1995 à Paris.
Détenu à la prison de Vezin-le-Coquet, en Bretagne (nord-ouest de la France, il a obtenu une réduction de peine exceptionnelle de 20 jours qui a avancé la date de sa libération, initialement prévue pour le 5 août.
Depuis plusieurs semaines, les autorités françaises, qui souhaitent voir cet encombrant personnage retourner en Algérie, discutent avec Alger des conditions de son retour dans son pays natal qu'il avait quitté à l'âge de 21 ans pour venir en France.
Selon une source proche du dossier à Alger, les discussions en seraient au stade "du mécanisme de délivrance du laissez-passer consulaire", un titre de voyage délivré à un ressortissant algérien souhaitant rentrer dans son pays mais dépourvu d'un passeport valide.
Beghal est favorable à cette option. "Il y a 10 ans, nous avions bloqué son expulsion vers l'Algérie en raison du risque de torture encouru. Le climat lui apparaît désormais plus apaisé", a expliqué à l'AFP son avocat Bérenger Tourné.
"Situation inédite"
Pour un bon connaisseur de ces dossiers, il est impossible que l'expulsion se fasse sans l'accord du pays de renvoi. Si Alger donne son feu vert, un arrêté d'expulsion sera pris et Beghal directement renvoyé en Algérie.
Mais si l'accord tarde à intervenir, l'islamiste peut être placé en centre de rétention, pour 45 jours maximum, comme tous les étrangers en situation irrégulière en attente d'expulsion. Il peut enfin être assigné à résidence si aucun accord avec Alger n'est trouvé.
"Djamel Beghal ne veut pas se retrouver à nouveau assigné à résidence, ce qui revient à rester privé de liberté d'aller et venir (...). Rien ne devrait s'opposer à son expulsion puisque tous savent qu'il est Algérien", estime Bérenger Tourné.
Quant à l'hypothèse d'un refus de l'Algérie d'accueillir son client, il parle d'"une situation inédite": "Si l'Algérie ne veut plus de lui alors qu'il n'y a aucun doute sur sa nationalité, alors, elle fait de lui une sorte d'apatride, ce qui est contraire au droit international", fait-il valoir.
Au jour de sa libération, Djamel Beghal aura effectué près de 17 ans de détention dans les prisons françaises. Il est devenu une référence pour trois générations d'apprentis jihadistes.
Condamné en 2005, il avait reconnu, avant de se rétracter en expliquant avoir été torturé par les enquêteurs émiratis, avoir été mandaté par un proche de Ben Laden pour préparer un attentat contre l'ambassade et un centre culturel américains.
C'est à la prison de Fleury-Mérogis, en région parisienne, qu'il fait la connaissance des futurs auteurs des tueries de Charlie Hebdo et du magasin Hyper Cacher. Selon les enquêteurs, il devient leur "mentor", respecté pour sa "science religieuse".
Libéré en 2009, il est assigné à résidence dans le Cantal (centre), en attendant une possible expulsion - à laquelle s'oppose alors la CEDH. Des photos le montrent au côté d'Amédy Coulibaly, venu lui rendre visite. Il est à nouveau arrêté en 2010, et a passé au total une dizaine d'années à l'isolement.
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