Depuis le début de ces manifestations quotidiennes il y a une semaine à Bassora, la grande ville du sud, cinq personnes ont été tuées.
Haider al-Abadi, le chef du gouvernement qui s'était rendu vendredi à Bassora pour tenter de calmer les esprits, a dénoncé dimanche les actes violents autour des manifestations, notamment contre les biens publics et les forces de l'ordre.
"Les Irakiens n'acceptent pas le chaos, ni les attaques contre les forces de sécurité et les bâtiments publics et privés. Ceux qui font ça sont des vandales qui instrumentalisent les demandes des citoyens pour faire le mal", a-t-il affirmé à l'issue d'une réunion à Bagdad avec des responsables de la sécurité et du renseignement.
Exacerbé par la mort d'un homme dans la province de Bassora au premier jour des manifestations, le 8 juillet, ce mouvement, qui dénonce notamment l'état délabré des services publics, l'incurie des dirigeants et le chômage, a fait tâche d'huile et s'est étendu à d'autres provinces du sud, dont Najaf, Missane, Kerbala, Zi Qar et Mouthanna.
Samedi, des appels à une grande manifestation dans la capitale Bagdad avaient émergé mais le mot d'ordre a peiné à circuler, l'internet restant coupé dimanche pour la deuxième journée consécutive. Des centaines de personnes ont toutefois fermé une voie rapide à l'entrée du quartier d'Al-Choula, en scandant "L'Iran, dehors! Bagdad est libre!" ou "Le peuple veut la chute du régime", slogan emblématique des Printemps arabes de 2011.
Gaz lacrymogènes
A Samawa, chef-lieu de la province de Mouthanna (sud), deux manifestants ont été tués et 27 blessés par des tirs devant le siège du gouvernorat, a indiqué à l'AFP une source médicale, qui n'a pas pu précisé l'origine de ces tirs.
A Bassora, des heurts entre les forces de sécurité et les protestataires près du siège du gouvernorat ont fait 50 blessés, principalement des manifestants, a indiqué une autre source médicale.
La police a notamment fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui cherchaient à prendre d'assaut ce bâtiment, selon un correspondant de l'AFP.
D'autres manifestants ont tenté de pénétrer dans le champ pétrolier d'Al-Zoubeir, au sud-ouest de la ville, mais ont été repoussés par les forces de sécurité à l'issue de heurts qui ont fait des blessés, selon ce même correspondant, qui n'a pas été en mesure de fournir un bilan.
Des protestations ont aussi eu lieu dimanche dans les provinces méridionales de Zi Qar, Najaf et Kerbala, où des affrontements ont fait des dizaines de blessés parmi les manifestants et les forces de l'ordre, d'après des correspondants de l'AFP.
A Nassiriya, chef-lieu de la province de Dhi Qar, au moins 15 manifestants et 25 policiers ont été blessés dans les heurts, selon Abdel Mohsen al-Jabiri, un responsable du Département de la santé.
"En alerte"
Face à l'extension du mouvement, le Premier ministre Abadi avait annoncé samedi soir une allocation immédiate de trois milliards de dollars pour la province de Bassora, outre des promesses d'investissement dans l'habitat, les écoles et les services.
Selon un communiqué de son bureau, le Premier ministre a appelé dimanche les services de sécurité "à se tenir en alerte car le terrorisme veut exploiter tout évènement ou conflit". Mais il leur a ordonné "de ne pas faire usage de balles réelles sur des manifestants non armés".
"Profiter des manifestations pour brûler des bâtiments publics, couper des routes, enflammer des pneus et attaquer les forces de sécurité est une tentative de faire reculer le pays", a plaidé le chef du gouvernement irakien, pour qui "des éléments du crime organisé" se tenaient "prêts à susciter le chaos".
Le service de presse du gouvernement à Bagdad a par ailleurs indiqué dans un communiqué que "le Premier ministre avait ordonné la réouverture de l'aéroport de Najaf".
Le bâtiment a été fermé après son envahissement vendredi par des dizaines de manifestants et des compagnies aériennes, dont la Royal jordanian, Fly Dubai et Oman Air, ont annoncé la suspension "jusqu'à nouvel ordre" de leurs vols à destination de cette ville sainte chiite située au sud de Bagdad.
La plus haute autorité chiite d'Irak, l'ayatollah Ali Sistani, a apporté vendredi son soutien aux manifestants, tout en les appelant à éviter les désordres et les destructions.
En 2015, un mouvement de protestation animé principalement par le dirigeant chiite Moqtada Sadr avait été lancé contre la corruption et la vétusté des services publics, avant de perdre de l'ampleur.
Officiellement, 10,8% des Irakiens sont sans emploi. Dans un pays où 60% de la population a moins de 24 ans, le chômage est deux fois plus élevé parmi les jeunes.
En Irak, le secteur des hydrocarbures assure 89% des ressources budgétaires et même 99% des exportations, mais il ne représente que 1% des emplois.
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