Cinq ans après sa mort, "Madiba" a gardé son statut d'icône mondiale pour son combat contre le régime raciste blanc de l'apartheid et son message de réconciliation, qui a permis au pays d'en tourner la page en évitant un bain de sang.
Après l'ancien président américain Bill Clinton, le milliardaire philanthrope Bill Gates ou l'ex-patron de l'ONU Kofi Annan, le premier chef d'Etat noir des Etats-Unis prononcera mardi l'hommage annuel à Nelson Mandela, point d'orgue de plusieurs jours de festivités.
Lors d'une visite en Afrique du Sud en 2013, Barack Obama avait longuement honoré son "héros".
"Le combat ici contre l'apartheid et pour la liberté, le courage moral de +Madiba+, la transition historique de son pays vers une nation libre et démocratique ont été une source d'inspiration pour moi et le monde entier", avait-il déclaré.
Un an et demi après son départ de la Maison Blanche, l'éloge de Barack Obama est annoncé par son entourage comme son discours le plus important depuis sa retraite politique.
"Il lui donnera l'occasion de livrer un message de tolérance, d'inclusion et de démocratie à un moment où l'héritage de Mandela est remis en question dans le monde", a souligné son conseiller Benjamin Rhodes au New York Times.
Une allusion à la politique de Donald Trump, qui a pris le contrepied systématique de son prédécesseur, notamment sur l'immigration et l'Afrique.
"Un homme bon"
En attendant ce grand oral, toute l'Afrique du Sud s'est déjà mise à l'heure Mandela, qui aurait eu 100 ans mercredi.
Spectacles, expositions et compétitions sportives le célèbrent. Son visage souriant illumine de nouveaux billets. "Agissez, inspirez le changement, faites de chaque jour un Jour Mandela", exhorte le slogan de la fondation qui porte son nom.
Ex-syndicaliste reconverti en homme d'affaires, le président sud-africain Cyril Ramaphosa y est allé de sa contribution en versant la moitié de son salaire à un fonds qui finance des micro-projets pour réduire la pauvreté.
"En mémoire de Madiba, en hommage à (....) son engagement sans relâche pour l'amélioration de la vie des plus démunis, beaucoup d'entre nous peuvent faire quelque chose", a lancé le chef de l'Etat en annonçant son geste.
Ceux qui ont connu de près le détenu le plus célèbre de la planète - resté vingt-sept ans derrière les barreaux - rivalisent d'anecdotes et d'éloges.
A commencer par le dernier président blanc d'Afrique du Sud, Frederik de Klerk, l'adversaire devenu partenaire avec lequel il a partagé le prix Nobel de la Paix en 1993.
"Oui, nous avons eu des conflits. A certains moments, de vives tensions nous ont opposés. Mais il y a toujours eu du respect, qui est devenu de l'amitié personnelle", s'est-il rappelé pour l'AFP, "c'était un homme bon et unique".
Héritage
L'ancien chauffeur et garde du corps de Madiba, Fuad Floris, s'est lui souvenu de la simplicité et des attentions de celui qu'il appelait "Tata".
"Quand ma fille a eu son bac, il lui a écrit de sa main un petit mot de félicitation", a-t-il raconté à l'AFP, "il était très excité quand il voyait des enfants, ce qui lui faisait oublier toutes les consignes de sécurité, c'était notre pire cauchemar".
Si l'homme Mandela ne suscite que louanges, son héritage politique est aujourd'hui plus controversé.
Un quart de siècle après la chute de l'apartheid, l'Afrique du Sud est considérée par la Banque mondiale comme le pays le plus inégalitaire de la planète. Son économie patine, la pauvreté persiste et le racisme y attise toujours autant les tensions.
"Je suis convaincu que le président Mandela, s'il était encore vivant, serait très, très inquiet de la situation actuelle en Afrique du Sud", a estimé Frederik de Klerk.
Certains mettent en cause les successeurs de "Madiba" et la corruption qui a gagné le plus haut sommet de l'Etat, notamment sous la présidence de Jacob Zuma (2009-2018).
D'autres, plus rares, vont jusqu'à le traiter de "vendu" pour avoir prêché la modération envers les élites blanches, qui détiennent toujours l'essentiel des leviers économiques du pays.
"Mandela a combattu pour que nous soyons politiquement libres", a résumé à l'AFP Mtate Phaleka, un photographe noir de 19 ans, "nous ne le sommes toujours pas économiquement".
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