Revendiqué par le groupe Etat islamique, l'attentat, dont le bilan est encore provisoire, s'est produit à Mastung, à une quarantaine de kilomètres de la capitale de la province instable du Baloutchistan, Quetta, dans le sud-ouest du pays.
Il s'agit du troisième attentat cette semaine et du deuxième en une journée vendredi visant un meeting électoral, avant les élections législatives du 25 juillet, dans un climat de plus en plus tendu.
L'ex-Premier ministre Nawaz Sharif, condamné la semaine dernière à dix ans de prison pour corruption, a lui été placé en détention avec sa fille Maryam, condamnée à 7 ans de prison, à son arrivée au Pakistan vendredi en provenance d'Abou Dhabi.
Sa condamnation avait été dénoncée comme "politique" par son clan et fait brusquement monter la tension avant les élections. Nombre d'observateurs s'étaient inquiétés du tour pris par la campagne, où plusieurs cas d'enlèvements, pressions et menaces sur des médias et militants politiques ont été rapportés. Mise en cause, l'armée dément toute implication.
"Je sais que (...) je serai emmené directement en prison", avait déclaré M. Sharif dans une vidéo rendue publique plus tôt vendredi par son parti. "Je veux dire aux Pakistanais que j'ai fait cela pour vous (...) Marchez avec moi, joignez vos mains aux miennes et changeons la destination du pays", avait lancé M. Sharif, qui reste très influent.
Jusqu'à cette semaine, la campagne électorale avait été relativement épargnée par les violences.
Mais avec 128 morts, selon les autorités provinciales, l'attentat de Mastung est le plus meurtrier au Pakistan depuis l'attaque d'une école de Peshawar, perpétrée en décembre 2014 par un commando taliban, qui avait fait plus de 150 morts.
L'attentat visait un meeting politique de Mir Siraj Raisani, candidat à un siège de député provincial sous l'étiquette du parti Baluchistan Awami Party (BAP), qui est décédé dans l'attentat.
"Nous nous tenions debout à l'extérieur du complexe et lorsque Raisani a commencé son discours, une explosion assourdissante s'est produite", a raconté un témoin à l'AFP, Salam Baloch.
"J'ai vu de grosses boules de feu et de fumée. Les gens ont mis les morts et les blessés dans des rickshaw et les ont emmenés à l'hôpital avant que les secours n'arrivent sur place"", a-t-il ajouté.
L'assistant de Raisani, Shams Mengal, a affirmé que le kamikaze "se trouvait au premier rang". "Il s'est levé et s'est fait exploser dès que Raisani a entamé son discours", a-t-il indiqué.
Une scène "effrayante"
La scène après l'explosion était "effrayante", a raconté un autre témoin, Atta Ullah. "Des restes humains et des morceaux de chair sanglants étaient éparpillés partout dans le complexe. Des blessés criaient de douleur et de peur".
"Nous sommes arrivés sur le site de l'explosion et avons trouvé des gens épars et il n'y avait pratiquement personne en bon état. Nous avons alerté nos véhicules. Trente ambulances sont arrivées et les morts et les blessés ont été transférés" dans les hôpitaux, a relaté un ambulancier de l'ONG Edhi, Arif.
L'évacuation des morts et des blessés a dû se faire en grande partie dans l'obscurité faute d'électricité, selon un journaliste de l'AFP sur place. Le Baloutchistan est la plus pauvre et la plus instable des provinces du Pakistan.
Plus tôt dans la journée, une autre bombe cachée sur une moto avait explosé près de Bannu (nord-ouest), au passage du convoi d'un autre candidat aux élections, tuant 4 personnes et en blessant une quarantaine d'autres, selon la police.
L'homme politique visé, Akram Khan Durrani, représentant d'une coalition de partis religieux, le MMA, a survécu à l'attaque.
Un attentat suicide revendiqué par les talibans pakistanais avait également visé mardi soir une réunion électorale du Awami National Party (ANP) à Peshawar (nord-ouest), tuant 22 personnes dont l'homme politique local Haroon Bilour, selon un nouveau bilan.
"Les autorités pakistanaises ont le devoir de protéger les droits de tous les Pakistanais en cette période d'élections: leur sécurité physique et leur capacité à exprimer librement leurs opinions politiques, quel que que soit le parti auquel ils appartiennent", a réagi Omar Waraich, directeur adjoint pour l'Asie du Sud à Amnesty International.
L'armée a annoncé plus tôt cette semaine prévoir le déploiement de plus de 370.0000 hommes pour assurer la sécurité le jour du vote.
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