"C'est très dur, il faudra l'accepter et le digérer. Il n'y a pas de mots pour diminuer cette déception, elle est énorme", avait lâché un Deschamps livide au soir du coup de bambou portugais (1-0 a.p.), le 11 juillet 2016 au Stade de France.
Lundi, il avait exclu toute idée de "revanche". "Mais ça fait toujours mal, on est passé à côté de quelque chose d'extraordinaire, parce que l'opportunité d'être champion d'Europe, ça peut se présenter plusieurs fois, mais quand elle se présente une fois, il faut la saisir".
Alors que dire d'une finale de Coupe du monde, même si les Français y sont parvenus pour la troisième fois sur les six dernières éditions, et que le groupe a été renouvelé (seuls neufs Bleus actuels ont disputé ce Championnat d'Europe à domicile).
"On n'est pas arrivé si loin pour lâcher", a assuré jeudi Paul Pogba. "Je connais le goût de la défaite en finale, c'est vraiment pas bon, très amer... On ne va pas l'aborder comme à l'Euro, on veut vraiment finir bien, avec le sourire."
Pas "gagné d'avance"
Que faut-il éviter ? On touche là au secret industriel: "Ce sont des points à régler entre nous. D'un point de vue collectif, on le sait, mais ça restera entre nous", affirmait jeudi Samuel Umtiti. Un peu dans le droit-fil du mantra tactique de Deschamps, "ne rien donner à l'adversaire", qui transparaît parfois dans la communication des joueurs.
Les cadres ont assumé leurs fonctions dès mardi dans la foulée de la demi-finale contre la Belgique (1-0). "C'est fantastique, mais le plus dur reste à faire, il reste encore une étape. Il ne faut pas céder à l'euphorie. Ceux qui étaient à l'Euro-2016 auront leur mot à dire", avait prévenu le capitaine Hugo Lloris, afin de bien préparer le dernier match, "certainement le plus important de notre carrière".
Et il faut éviter le complexe de supériorité qui a pu affleurer à l'Euro. "Franchement, quand on a gagné contre l'Allemagne (2-0 en demi-finale, ndlr), on pensait que c'était ça la finale. Contre les Portugais, avec leur parcours, on s'est dit que c'était gagné d'avance, c'était ça notre erreur. Maintenant, ce n'est pas pareil, on est tous conscients, concentrés. On ne veut pas faire la même erreur."
"Quand on a battu l'Allemagne, on était euphorique à juste titre, un peu trop", abondait Blaise Matuidi vendredi.
"Ça sert de leçon"
Les Français voyaient dans la blessure de Cristiano Ronaldo en début de match un motif pour faire briller un peu plus leur bonne étoile... filante: André-Pierre Gignac trouvait le poteau dans les arrêts de jeu du temps réglementaire et Eder glaçait le "SdF" d'une frappe rasante en prolongation.
"Les larmes ont séché mais c'est encore dans un petit coin de la tête et tant mieux, ça doit servir pour dimanche, même si je n'aime pas ressasser le passé. Ça sert de leçon, on sait ce que c'est qu'une finale. On va l'aborder différemment et espérer faire un grand match pour gagner", a avancé Matuidi.
Antoine Griezmann, lui, a donné dans la boutade: "En étant meilleur buteur on a perdu, je me suis dit: +Je vais mettre moins de buts pour voir si on la gagne+" (rire).
Le levier de la finale, Alain Giresse n'y croit pas trop. "Pas spécifiquement la finale, c'est un tout, tout ce qu'ils ont emmagasiné à travers l'Euro. Il n'y en a pas beaucoup qui sont là, mais ça laisse de l'expérience", confie à l'AFP l'ancien joueur et actuel consultant sur Radio France, qui préfère insister sur "la difficulté du premier tour" qui "leur a fait du bien".
Ce parcours avait-il ouvert un nouveau cycle ? Oui, avait répondu Deschamps à l'issue de la défaite: "Même si on prend un gros coup sur la tête, ça laisse envisager des jours meilleurs et un avenir intéressant." Nous y voilà.
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