Après l'élimination surprise du roi de Wimbledon, Roger Federer, mercredi, les projecteurs sont braqués sur cette demi-finale, 52e épisode de la rivalité entre le Serbe et l'Espagnol (Djokovic mène 26-25).
Nadal, sacré en 2008 et 2010, ne s'était plus frayé un chemin aussi loin à Londres depuis la finale perdue en 2011 contre Djokovic. Aura-t-il suffisamment récupéré de son duel épique face à l'Argentin Juan Martin Del Potro (4h47)?
De son côté, Djokovic entrevoit le bout d'un tunnel de deux ans passés à courir après son meilleur niveau. Après des contre-performances, une perte de motivation et une opération en début d'année pour refaire à neuf son coude droit, le "Djoker" a retrouvé de sa superbe.
On l'a vu les yeux exorbités et le poing rageur terrasser un chouchou du public, le Britannique Kyle Edmund (23 ans, 17e mondial) au troisième tour, puis renvoyer à ses études un autre jeune prometteur, le Russe Khachanov (22 ans, 40e) en huitièmes de finale.
Mercredi, en quarts, l'ancien N.1 (aujourd'hui 21e) a surclassé l'une de ses proies favorites, le Japonais Kei Nishikori. Le champion qui avait crevé l'écran en 2011 puis empilé les quatre trophées majeurs à la suite entre 2015 et 2016 est-il revenu à son meilleur niveau?
Nadal, qui a "vu certains de ses matches", en est convaincu. "Il joue vraiment très bien", a assuré le Majorquin après le magnifique spectacle que lui et Del Potro ont offert à des spectateurs du Centre court ne sachant plus où donner de la tête.
Et pour cause: la plupart suivait en même temps sur leur smartphone la demi-finale du Mondial de football Angleterre-Croatie (1-2 a.p.)...
Morceaux de bravoure
Le valeureux Del Potro, qui a poussé Nadal à sortir des coups venus d'ailleurs, ne s'est pas risqué à un pronostic. "Je ne peux pas dire qui va gagner. Cela dépendra de l'état de Rafa... Je pense que ça ira pour lui. Mais Nole rejoue bien de nouveau. Ils méritent tous les deux d'aller en finale", a estimé le 4e mondial qui comptait suivre cette demi-finale "intéressante", chez lui à Tandil.
En Grand Chelem, les duels Djokovic-Nadal n'ont pas toujours fait des étincelles mais ils ont donné lieu à quelques grands morceaux de bravoure: la finale de l'Open d'Australie en 2012 remportée par le Serbe en 5h53 mais aussi la demi-finale épique de Roland-Garros en 2013 gagnée 9-7 au cinquième set par Nadal.
Le Majorquin de 32 ans, lauréat pour la onzième fois de Roland-Garros en juin, a accumulé assez de confiance pour réaliser un troisième doublé Paris-Londres.
Mais venir à bout Djokovic reste "un grand défi", souligne le N.1 mondial, qui n'a perdu qu'un match - face à l'Autrichien Dominic Thiem (quart de finale à Madrid) - depuis son retour de blessure (jambe droite) début avril.
Avec cinq succès consécutifs, Djokovic réalise lui sa meilleure série en Grand Chelem depuis septembre 2016 et la finale de l'US Open perdue face à Stan Wawrinka.
"Jouer une demi-finale de Grand Chelem après tout ce qui s'est passé ces quinze derniers mois, des résultats qui étaient en deçà de mes attentes, c'est forcément différent... Mais je m'appuie sur mon expérience de ces grands rendez-vous et j'essaie d'aborder les échéances sans me projeter", explique le triple lauréat du tournoi (2011, 2014, 2015).
Isner-Anderson: duel en haute altitude
Pour la troisième année consécutive, il y aura un nouveau finaliste à Londres et de taille: l'Américain John Isner (2,08 m) ou le Sud-Africain Kevin Anderson (2,03 m) succèdera au Canadien Milos Raonic, battu en 2016 par Andy Murray, et au Croate Marin Cilic dominé en 2017 par Federer.
Après son coup d'éclat face au tenant du titre, Anderson va-t-il confirmer? Le Sud-Africain de 32 ans a déjà l'expérience de ces altitudes en Grand Chelem. Il avait joué et perdu la finale de l'US Open face à Nadal en septembre.
Ce n'est pas le cas d'Isner, présent pour la première fois à 33 ans dans le dernier carré d'un "Major". Mais le géant domine (8-3) dans leurs confrontations et a remporté l'unique sur herbe (Queen's 2008). Une seule certitude: les aces vont pleuvoir.
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