"S'ils font un tel accord, nous traiterions avec l'Union européenne au lieu de traiter avec le Royaume-Uni", a dit M. Trump au tabloïd The Sun alors que Mme May comptait profiter de sa visite officielle au Royaume-Uni pour faire avancer les discussions sur la conclusion d'un accord de libre-échange avec Washington, une fois que son pays aura quitté l'UE fin mars 2019.
"Cela tuera probablement l'accord" avec les Etats-Unis, a ajouté M. Trump, arrivé au Royaume-Uni jeudi après-midi de Bruxelles où il a sommé ses partenaires de l'Otan de mettre davantage la main à la poche en matière de dépense de défense.
Avant de quitter la capitale belge, il avait porté un premier coup au projet de Mme May, présenté le jour-même, affirmant "ne pas savoir" s'il correspondait au vote des Britanniques de quitter l'UE.
Il n'a pas non plus exclu de rencontrer son "ami" Boris Johnson, partisan d'un Brexit dur, qui a claqué la porte du gouvernement en début de semaine pour protester contre le plan de Mme May et qui ferait, selon lui, un "grand Premier ministre".
"Cela en dit long sur ses préférences personnelles, et vers quel genre de Brexit dur il veut voir le Royaume-Uni prendre le chemin", a estimé le quotidien The Guardian.
A Washington, la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a tenté de minimiser l'impact des déclarations de M. Trump en assurant que le président américain "aime et respecte beaucoup" Mme May, puisque, a-t-elle ajouté devant la presse, "il a dit dans son interview qu'elle était +une très bonne personne+ et qu'il n'a jamais rien dit de méchant à son encontre".
Le plan que Mme May a proposé à Bruxelles prévoit de maintenir des liens étroits avec l'UE à 27 en matière de commerce de biens, en instaurant une nouvelle "zone de libre-échange" qui reposerait sur un ensemble de règles communes concernant les biens et le secteur agro-alimentaire.
Thé avec la reine
La nouvelle sortie de M. Trump constitue une claque d'autant plus cinglante pour Mme May que, jeudi soir, elle a vanté la force du lien transatlantique, y voyant une opportunité "sans précédent".
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ne sont pas seulement "les plus proches alliés, mais aussi les amis les plus chers", a-t-elle déclaré en accueillant le président américain et son épouse Melania pour un dîner au palais de Blenheim, résidence de campagne près d'Oxford, où étaient également invités de nombreux représentants du monde économique.
Vendredi matin, les deux dirigeants doivent se retrouver pour aller inspecter les troupes à la prestigieuse académie royale militaire de Sandhurst, avant des discussions bilatérales et un déjeuner à Chequers, la résidence de campagne des Premiers ministres britanniques, à 70 km au nord-ouest de Londres.
Une conférence de presse commune est ensuite prévue.
Outre le commerce, les échanges entre M. Trump et Mme May porteront sur le Proche-Orient et la Russie, alors que le milliardaire s'apprête à rencontrer pour la première fois le président russe Vladimir Poutine lors d'un sommet à Helsinki lundi.
Le président et son épouse sont ensuite attendus au palais de Windsor, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Londres, pour prendre le thé avec Elizabeth II.
Ce parcours le tiendra éloigné des manifestations prévues à Londres contre sa venue, qui devraient culminer par un rassemblement de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Trafalgar Square pour dénoncer la politique migratoire de Trump, son "sexisme" et son "déni" du changement climatique.
Le matin, un ballon géant représentant un Donald Trump en couche-culotte flottera dans le ciel londonien près du Parlement.
Les démonstrations de mécontentement contre le président américain ont démarré dès jeudi, avec un rassemblement devant la résidence de l'ambassadeur américain à Londres.
"Donald Trump n'est pas le bienvenu !" ont scandé en coeur les quelques centaines de manifestants rassemblés devant les grilles de Winfield House, située dans Regent's Park.
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