Masaya "est assiégée par une force de plus de 1.000 paramilitaires, des policiers et des armes lourdes", a rapporté le chef de l'Association nicaraguayenne des droits de l'homme (ANPDH) de Masaya, Danilo Martinez.
La présence des forces de l'ordre aux portes de la ville fait craindre de violents raids de leur part avant les célébrations du gouvernement, prévues vendredi, à l'occasion desquelles Daniel Ortega défile chaque année en tête du cortège, en souvenir de la révolution de 1979.
A Masaya la contestation est particulièrement intense dans le quartier de Monimbó, au sud de la ville, où les barricades sont toujours debout, malgré le renforcement de "l'opération nettoyage", ordonnée par le gouvernement ces dernières semaines.
"On attend de voir si le régime nous attaque. Ils veulent nous intimider, mais Monimbo résiste fermement et avec force pour se protéger et combattre", a déclaré à l'AFP près d'une tranchée Wilfredo, un camonieur âgé de 25 ans.
"On les attend à Monimbo, je n'ai pas peur. J'ai fait les guerres civiles des années 70 et 80. On est entré en résistance parce que nous voulons une patrie libre", renchérit Maria Gonzalez, 78 ans, qui vend des fruits à côté d'une barricade.
Depuis le 18 avril, les manifestants anti-gouvernementaux exigent le départ de Daniel Ortega, au pouvoir depuis 11 ans, accusé d'instaurer une dictature au Nicaragua avec sa femme, Rosario Murillo, la vice-présidente.
Antonio Guterres, "le secrétaire général de l'ONU, est profondément inquiet de la violence qui continue et s'intensifie au Nicaragua", a indiqué mercredi soir son porte-parole dans un communiqué. Il "exhorte toutes les parties à respecter les médiateurs, à s'abstenir de recourir à la violence et à s'engager pleinement dans le Dialogue national pour réduire la violence et trouver une solution pacifique à la crise actuelle", a-t-il ajouté.
La situation au Nicaragua est critique, a aussi estimé mercredi la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH), devant le conseil permanent de l'Organisation des Etats américains (OEA) à Washington, dénonçant l'aggravation de la répression et chiffrant à 264 le nombre de morts causés par la vague de violence des trois mois de protestation.
Le ministre des Affaires étrangères nicaraguayen, Denis Moncada, a estimé que le rapport de la CIDH faisait preuve de "préjugé et manquait d'objectivité". "On ne peut pas confondre un mouvement de protestation pacifique et des actes terroristes", a-t-il estimé.
Dans un communiqué, l'Association pro-droits de l'Homme du Nicaragua (ANPDH) a exigé de l'armée qu'elle enquête sur l'usage d'armes de gros calibre comme les mitrailleuses de calibre 30 ou les lance-roquettes de type RPG7 par les milices sandinistes qui appuient les opérations de la police contre les manifestants dans certaines villes.
L'armée a affirmé mardi qu'elle exerçait un "contrôle absolu" sur son arsenal et s'est défendue de toute implication dans les opérations de répression des manifestants.
Très influente au Nicaragua, l'Eglise catholique joue le rôle de médiatrice entre le gouvernement et l'opposition, en demandant notamment des élections anticipées, mais sans succès: samedi, le président Ortega a rejeté cette éventualité.
Le week-end dernier, 14 personnes sont mortes et plusieurs prêtres ont été pris pour cibles, à la suite de violents raids des forces de l'ordre dans les villes de Diriamba et Jinotepe, dans le sud-ouest du pays.
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