Donald Trump a en effet consterné mercredi les alliés des Etats-Unis en leur demandant de faire passer à terme à 4% de leur PIB leurs dépenses de défense.
Le président américain, arrivé très remonté à Bruxelles, avait ouvert les hostilités avant même le début du sommet en s'en prenant avec une virulence inédite à Berlin.
"L'Allemagne est complètement contrôlée par la Russie (...) elle est prisonnière de la Russie", avait-il lancé dans une tirade d'une rare dureté dans ce genre de rendez-vous entre alliés.
En séance plénière, il a ensuite insisté pour que les alliés respectent l'engagement pris en 2014 de consacrer 2% de leur produit intérieur brut à la défense en 2024 puis leur a demandé de porter ces dépenses à 4% de leur PIB, selon l'exécutif américain.
La déclaration commune adoptée mercredi par les dirigeants de l'Alliance ne fait aucune mention de cette requête.
"Donald Trump a commencé par dire qu'il avait beaucoup d'estime pour les Européens et, deux secondes plus tard, il a lancé son discours sur le partage du fardeau pour les dépenses de défense", a expliqué à l'AFP le chef de la diplomatie luxembourgeoise Jean Asselborn, évoquant les 4%. "Cette approche comptable est un peu absurde", a-t-il ajouté.
"L'Otan n'est pas un marché où l'on peut acheter la sécurité", a renchéri le président de la Bulgarie Roumen Radev au cours d'une rencontre avec la presse bulgare.
Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a éludé le sujet au cours de sa conférence de presse à la fin de la journée. "Commençons déjà avec les 2% pour lesquels il y a encore beaucoup d'efforts à faire", a-t-il lancé.
Tirade antiallemande
Une quinzaine d'Etats membres, dont l'Allemagne, le Canada, l'Italie, la Belgique et l'Espagne, sont sous les 1,4% du PIB en 2018 et seront incapables de respecter leur parole, ce qui ulcère le président américain, qui a ensuite exigé, dans un tweet, que les Alliés portent leurs dépenses militaires à 2% "IMMEDIATEMENT".
Donald Trump et Angela Merkel ont eu l'occasion de s'expliquer au cours d'un tête-à-tête après la première séance de travail. Le président a alors changé de ton, assurant avoir de "très bonnes relations" avec la chancelière allemande.
Il a précisé avoir discuté du projet de doublement du gazoduc Nord Stream entre la Russie et l'Allemagne, auquel il est fortement opposé, mais il s'est refusé à entrer dans les détails de l'entretien.
Angela Merkel s'est dite "contente d'avoir eu l'occasion d'un échange de vues" avec le président américain. "Nous sommes des partenaires, nous sommes de bons partenaires et nous souhaitons continuer à coopérer à l'avenir", a-t-elle simplement commenté.
De son côté, le président français Emmanuel Macron a exhorté les membres de l'Otan à "ne pas fragiliser" l'Alliance atlantique, avant de s'entretenir à son tour avec Donald Trump.
Après l'Otan, Poutine
Le président américain a dénoncé à plusieurs reprises le projet de doublement du gazoduc Nord Stream reliant directement la Russie à l'Allemagne et exige son abandon.
L'attaque lui permet d'enfoncer un coin dans l'unité des Européens, car ce dossier les divise.
La Pologne estime ainsi que l'Europe n'a pas besoin de Nord Stream 2. "C'est un exemple de pays européens qui fournissent des fonds à la Russie, lui donnent des moyens qui peuvent être utilisés contre la sécurité de la Pologne", a soutenu le chef de la diplomatie polonaise Jacek Czaputowicz à son arrivée au siège de l'Otan.
L'Otan a par ailleurs invité mercredi la Macédoine à ouvrir des négociations pour intégrer l'Alliance atlantique, après l'accord avec la Grèce sur le nom du pays.
Les Européens appréhendaient une réunion difficile.
Donald Trump avait quitté Washington d'humeur belliqueuse, déclarant, avec le goût de la provocation qui est le sien, que sa rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine prévue pour lundi à Helsinki pourrait être "plus facile" que le sommet de l'Otan.
Les Alliés souhaitent avoir des éclaircissements sur les intentions du président américain en Finlande.
La marge de manoeuvre de Donald Trump face à Vladimir Poutine sera réduite.
La déclaration du sommet est en effet un réquisitoire contre la politique du président russe et toutes les décisions avalisées pendant le sommet visent à renforcer la capacité de dissuasion de l'Alliance pour contrer les actions de la Russie.
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