Réunis à Innsbruck (sud), ils devront en particulier préciser l'idée, encore floue mais déjà controversée, de "plateformes de débarquement" en Afrique des migrants secourus en Méditerranée, proposée dans les conclusions du sommet sous tension tenu fin juin à Bruxelles.
Les arrivées sur les côtes européennes ont massivement chuté par rapport au pic enregistré à l'automne 2015, mais la question migratoire continue de créer des tensions dans et entre les Etats membres de l'UE.
Le ministre autrichien d'extrême droite Herbert Kickl (FPÖ, membre de la coalition au pouvoir avec les conservateurs à Vienne), accueillera notamment jeudi son homologue italien Matteo Salvini, d'extrême droite lui aussi, et maître d'oeuvre du durcissement de Rome sur ce sujet.
Le chef de file de la Ligue a décidé il y a un mois d'interdire l'accès aux ports italiens aux ONG qui portent secours aux migrants en Méditerranée. A Innsbruck, il compte demander à ses partenaires "de ne pas diriger vers des ports italiens des navires actuellement en mission internationale".
Horst Seehofer, le chef du parti bavarois conservateur CSU qui avait défié l'autorité de la chancelière Angela Merkel sur l'immigration, est également présent à la réunion d'Innsbruck, qualifiée d'"informelle", sans prise de décision prévue.
Le ministre allemand de l'Intérieur a provisoirement levé sa menace de refouler unilatéralement des migrants à la frontière autrichienne, qui risquait de provoquer un effet domino fatal à l'espace Schengen. Mais il veut désormais obtenir des pays comme l'Italie qu'ils acceptent le renvoi de migrants qui y ont été enregistrés avant de se rendre en Allemagne.
Accord en juillet ?
M. Seehofer a déjà eu une discussion mercredi à Innsbruck avec M. Salvini, qualifiée de constructive par les deux parties, le ministre allemand indiquant même qu'il espérait conclure un accord "en juillet" avec l'Italie.
"Avant d'accepter en Italie un seul migrant, nous voulons que l'Europe protège les frontières extérieures. Quand ce sera réalité, nous discuterons de tout le reste", a toutefois insisté l'Italien.
L'Autriche, elle, a clairement l'intention de s'appuyer sur le seul consensus qui règne désormais parmi les Européens sur le dossier migratoire: la nécessité de tarir les arrivées de migrants.
L'UE "est parvenue à changer de paradigme dans le domaine de la migration et de l'asile", s'est réjoui M. Kickl lundi, devant le Parlement européen à Bruxelles. "Plutôt que de se concentrer d'abord sur les quotas d'accueil, aujourd'hui l'accent est mis sur une protection efficace des frontières extérieures", a-t-il souligné.
A Innsbruck, "pour la première fois nous allons évoquer de manière plus concrète la question de ces plateformes de débarquement" hors de l'UE pour les migrants secourus dans les eaux internationales, a ainsi expliqué M. Kickl devant les eurodéputés.
Mais les pays européens sont divisés sur la faisabilité, la légalité et sur la définition même de ces "plateformes", que plusieurs pays comme le Maroc et la Tunisie ont déjà exclu d'accueillir.
"Centres contrôlés"
L'Autriche veut aussi plancher à Innsbruck sur des projets bien plus radicaux. Elle propose notamment qu'à terme il ne soit pratiquement plus possible de demander l'asile depuis le territoire européen, mais seulement depuis des endroits dédiés dans des pays tiers.
Vienne suggère aussi de créer des centres hors de l'UE où pourraient être renvoyés les déboutés de l'asile et les migrants économiques, quand il n'est pas possible de les renvoyer dans leurs pays d'origine.
"Jamais la France n'acceptera les solutions de facilité (...) qui consisteraient à organiser des déportations à travers l'Europe pour aller mettre dans je ne sais quel camp à ses frontières ou en son sein ou ailleurs les étrangers" non admis en France, a toutefois prévenu lundi le président français Emmanuel Macron.
Paris, de son côté, voudrait convaincre l'Italie d'accepter des "centres contrôlés" sur son territoire, c'est-à-dire de nouveaux lieux où un tri serait fait entre migrants économiques et réfugiés. Ils seraient fermés, contrairement aux "hostpots" actuels et bénéficieraient en contrepartie d'un fort soutien de l'UE.
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