Tout est prêt: la déclaration finale, les projets, les engagements, ont confié à l'AFP plusieurs responsables de l'Alliance sous couvert de l'anonymat. "La seule inconnue vient des participants", a souligné l'un d'eux.
Le président des Etats-Unis a quitté Washington d'humeur belliqueuse, déclarant, avec le goût de la provocation qui est le sien, que sa rencontre avec le président Russe Vladimir Poutine à Helsinki pourrait être "plus facile" que le sommet de l'Otan.
Ce comportement exaspère sur le Vieux continent.
Rompant avec le ton policé de ses prédécesseurs, le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, l'a interpelé mardi pour lui dire combien ses critiques presque quotidiennes étaient déplaisantes et l'a invité à "mieux considérer" ses alliés "car l'Amérique n'en a pas tant que ça".
Il lui a également rappelé que l'Europe avait été "la première à réagir" après les attentats du 11 septembre 2001 sur le sol américain.
"Discussions franches"
Le secrétaire général de l'Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg, est embarrassé par cette tension et n'a pas caché son appréhension sur le déroulement du sommet.
"Je ne serais pas surpris qu'il y ait des discussions vigoureuses, notamment sur les dépenses de défense", a-t-il reconnu mardi.
Les Alliés se sont engagés en 2014 à consacrer 2% de leur PIB à leur défense en 2024, mais une quinzaine d'Etats membres, dont l'Allemagne, le Canada, l'Italie la Belgique et l'Espagne sont sous la barre de 1,4% en 2018 et seront incapables de respecter leur parole, ce qui ulcère Donald Trump.
"Les pays de l'Otan doivent payer PLUS, les Etats-Unis doivent payer MOINS. Très injuste !", a-t-il tweeté avant son départ pour Bruxelles. "Ce n'est pas juste pour le contribuable américain".
"J'espère que nous pourrons avoir pendant le sommet des discussions franches et honnêtes sur les désaccords et les divergences de vues, mais il est de mon devoir de réduire leur impact sur l'Otan afin que l'Alliance puisse demeurer la pierre angulaire de la sécurité transatlantique", a tempéré Jens Stoltenberg.
Avant Poutine
Le chef de l'Otan n'a pas voulu commenter l'hypothèse d'une annulation -- à la demande de Donald Trump -- de l'exercice Trident Juncture prévu à l'automne en Norvège et annoncé comme le plus important jamais réalisé par l'Otan depuis la fin de la Guerre froide. Au motif que cela pourrait être considéré comme une menace par la Russie et que cela va coûter très cher aux contribuables américains.
Le président américain a fait annuler pour cette raison des manœuvres militaires avec la Corée du sud après sa rencontre avec le président nord-coréen Kim Jong Un.
Mais M. Stoltenberg a confirmé que les Alliés souhaitaient avoir des éclaircissements sur les intentions de Donald Trump avant sa rencontre avec son homologue russe.
"Il est absolument essentiel que le président Trump rencontre Vladimir Poutine", a-t-il répété. "Nous serons en mesure de discuter avec lui pendant le sommet de la relation entre l'Otan et la Russie. Il est important que l'Otan reste unie"", a-t-il insisté.
Toutefois, un retrait des Etats-Unis de Trident Juncture ne contraindrait pas nécessairement l'Otan à l'annuler, a expliqué à l'AFP une source militaire.
Toutes les décisions qui seront souscrites durant le sommet visent à renforcer la capacité de dissuasion de l'Alliance, selon Jens Stoltenberg.
"Les Alliés ne doivent pas augmenter leurs dépenses pour plaire aux Etats-Unis, mais parce que c'est dans leur intérêt", a-t-il plaidé.
Dans le cadre de l'initiative américaine "4x30", les membres de l'Otan vont s'engager à être en mesure en 2030 de déployer sous 30 jours 30 bataillons mécanisés, 30 escadrilles et 30 navires de combat pour pouvoir faire face à une opération militaire de la Russie, identifiée comme un potentiel agresseur.
"Nous avons augmenté la préparation de nos forces sur le flanc Est et nous prenons des décisions pour acheminer rapidement des renforts le cas échéant. Tout cela contribue à rendre notre dissuasion crédible", estime le secrétaire général de l'Alliance.
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