Ce parcours du combattant va durer plusieurs mois au cours desquels le magistrat de 53 ans devra éviter le moindre faux pas susceptible de lui aliéner le précieux soutien d'un élu.
Pour la Maison Blanche et la droite américaine, il n'y a pas un jour à perdre: il est impératif de profiter de la courte majorité républicaine à la chambre haute du Congrès, avant les élections risquées de mi-mandat en novembre.
Les républicains y comptent actuellement 51 sièges, les démocrates 49, mais le rapport de force est en fait de 50 contre 49, le sénateur républicain John McCain luttant contre un cancer en phase terminale.
Si le processus est bouclé comme l'espère M. Trump, la Cour suprême aura à l'automne une solide majorité de cinq juges conservateurs sur neuf.
Nommé à vie, M. Kavanaugh a l'occasion de donner une tonalité conservatrice à la haute cour durant une génération. Et donc de rassurer durablement les républicains sur les thèmes qui leur sont chers, des croyances religieuses au désengagement fédéral, du libéralisme économique à la peine de mort.
Comme pour toute campagne politique aux Etats-Unis, des millions de dollars vont être débloqués en soutien au candidat choisi.
Brett Kavanaugh, qui a fait l'essentiel de sa carrière à Washington, où il a été conseiller de l'ancien président républicain George W. Bush, activera aussi ses réseaux.
Un site internet, confirmkavanaugh.com, était déjà opérationnel mardi pour vanter les références "impeccables" du juge.
Millions engagés
Tous les poids lourds de la galaxie conservatrice vont témoigner leur appui à M. Kavanaugh, à l'image de Mitch McConnell, chef des républicains au Sénat, qui a salué "l'un des esprits juridiques les plus éminents de sa génération".
Côté démocrate, on va également dépenser sans compter, notamment en messages télévisés, afin de rallier d'éventuels républicains modérés et d'éviter de perdre des démocrates inquiets de leur réélection dans des terres plutôt républicaines.
Deux sénatrices républicaines, Lisa Murkowski de l'Alaska et Susan Collins du Maine, sont vues comme d'éventuels maillons faibles du fait de leur attachement aux droits des femmes.
Les démocrates vont dépeindre le juge Kavanaugh comme un opposant au droit à l'avortement qui pourrait porter le coup de grâce à l'arrêt historique Roe v. Wade, qui en 1973 a légalisé l'IVG dans tout le pays.
Interrogé mardi avant de s'envoler vers l'Europe, Donald Trump a assuré n'avoir pas évoqué avec M. Kavanaugh la question sensible de l'avortement.
Les organisations progressistes vont également tenter de convaincre que le magistrat pourrait enterrer définitivement la loi Obamacare sur la couverture maladie universelle.
"Brett Kavanaugh va approuver les yeux fermés le programme extrémiste de la droite, conçu par les corporations et les milliardaires", a dénoncé le sénateur démocrate Bernie Sanders.
Selon cet élu à la fibre sociale, il faut s'attendre à un recul dans les domaines des droits des travailleurs, du réchauffement climatique, des armes à feu, de la protection de l'environnement ou des droits électoraux.
Brett Kavanaugh, qui dès novembre 2017 se savait considéré pour rejoindre le saint des saints de la magistrature américaine, a eu le temps de se préparer à l'épreuve qui l'attend, dont la première phase se déroulera dans l'ombre et la seconde en pleine lumière.
Passé fouillé
Pour cette première séquence, il devra rencontrer en entretiens individuels le plus de sénateurs possible, afin de les courtiser ou les rassurer.
"A chaque sénateur, je vais dire que je révère la Constitution. J'estime qu'une justice indépendante est le joyau d'une république constitutionnelle", a assuré le juge nommé.
Le juge Kavanaugh devra aussi remplir un très long questionnaire, détaillant ses revenus, les clients qu'il a défendus, les interviews qu'il a données, ses destinations de voyage, ses écrits... La police fédérale vérifiera ces informations.
Durant la deuxième phase, celle des auditions publiques sous les projecteurs, M. Kavanaugh devra justifier chacune de ses décisions passées, sans afficher trop clairement des convictions qui le forceraient à se récuser de futurs dossiers devant la Cour.
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