Des mouvements vifs et des flashes de couleurs intenses dans les yeux, des claquements secs dans les tympans, une position caractéristique, la nuque en arrière, à en attraper un torticolis. Il n'est pas question ici d'une séance de torture particulièrement atroce, mais bien des feux artifices du 14 juillet, ces rendez-vous incontournables des célébrations de la fête nationale. À la tombée de la nuit, des milliers de personnes assisteront cette année encore à ces différents spectacles pyrotechniques. Mais sans toujours imaginer l'ampleur du travail, en amont.
L'emplacement et le budget. Ce sont les deux éléments nécessaires pour débuter la réflexion. "Il faut respecter un plan de sécurité, notamment par rapport à la position du public, présente Jean-Loup Pottier, directeur commercial de la société Le 8ème Art, installée à Bourg-Achard (Eure), et artificier passionné depuis 35 ans. Ensuite, pour le budget, ça peut aller de 2500€ à 40 000€."
Préparation à l'aveugle
Avec une enveloppe globale de 34 000€, sécurité comprise, Rouen (Seine-Maritime) se trouve dans la fourchette haute. Mais la dépense est parfaitement justifiable pour Lionel Gueret-Laferté, le directeur des manifestations publiques de la ville, qui est "heureux qu'il y ait encore des animations gratuites comme celle-ci". Cette année, après le pont Boieldieu rendu inaccessible depuis sa rénovation et un rendez-vous manqué avec le public sur l'esplanade Saint-Gervais, le feu rouennais sera tiré depuis la presqu'île Rollet. En charge de l'événement depuis 2008, Lionel Gueret-Laferté a donc appris à s'adapter. Jusqu'à maîtriser le langage "artificier". "Quand on me parle d'une bombe de 150, je sais que ça va monter très haut et qu'il faut un grand périmètre de sécurité", assure-t-il en souriant.
Lionel Gueret-Laferté supervise le tir du feu d'artifice de la ville de Rouen depuis 10 ans. - Aurélien Delavaud
Une aide précieuse pour décrypter les propositions des artificiers qui répondent aux appels d'offres. Car ils ne proposent pas tous des vidéos ou des modélisations de leurs tableaux. Il faut donc être capable de se projeter et d'imaginer. "On sait à peu près à quoi s'attendre, on connaît les différentes phases. Mais l'ensemble, on le découvre en même temps que le public", explique Nicolas Rambure, responsable du feu tiré depuis le Parc des Provinces à Grand-Quevilly (Seine-Maritime).
Toujours s'adapter
Pour Jean-Loup Pottier, dont l'entreprise va tirer près de 70 feux d'artifice en Normandie le week-end du samedi 14 juillet 2018, c'est justement le côté artistique qui fait toute la différence : "On ne fait pas du boom-boom multicolore, on fait des fresques. Il faut de la couleur, des nouveautés mais aussi différents types de bruits pour provoquer l'émotion." Mais la tradition est aussi importante pour une partie du public, habitué au bleu, au blanc et au rouge du drapeau national. "C'est bien d'en avoir au moins dans un tableau, surtout en ce moment ça fait un beau clin d'œil à la Coupe du Monde", ajoute Nicolas Rambure.
Grand-Quevilly propose volontairement un spectacle sobre, quelques semaines après le grand show des Bakayades. - Grand-Quevilly
Comme tout organisateur de feu d'artifice, sa plus grande crainte, c'est la météo. "On a forcément les yeux rivés dessus dans les jours qui précèdent, même si là on sait qu'il devrait faire beau." Contre toute attente, la pluie n'est pas le plus grand ennemi de l'artificier. "Elle est gênante, mais elle n'empêche pas de tirer. Le pire, c'est le vent car au-delà de 53 km/h on ne peut plus tirer", précise Jean-Loup Pottier. Le risque est donc de voir s'envoler des heures de conception et d'installation. Une peur à chaque fois balayée par la satisfaction du travail bien fait, pour les artificiers comme les organisateurs. Tous les "Oh !", les "Ah !" et les applaudissements en sont la meilleure récompense.
• À lire aussi. [Carte] Les différents feux d'artifice du 14 juillet en Normandie
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