Le ministre du Brexit, David Davis, et celui des Affaires étrangères, Boris Johnson, deux adeptes d'une rupture nette des liens avec l'Union européenne, ont fait défection, reprochant à Mme May d'avoir accordé de trop nombreuses concessions.
Après des semaines de rumeurs de départ, David Davis a claqué la porte du gouvernement dimanche soir et Boris Johnson lui a emboîté le pas lundi après-midi, dénonçant un Royaume-Uni sur la route d'un "semi-Brexit" en voie de devenir une "colonie" de l'UE.
Theresa May leur a rapidement trouvé des remplaçants et tente de maintenir son cap dans la tempête. Mais la menace d'un vote de défiance plane.
Selon les statuts du parti, un minimum de 48 députés est requis pour saisir le Comité 1922, responsable de l'organisation interne des Tories et du déclenchement d'un vote de défiance. Il faudrait ensuite le vote de 159 députés conservateurs -sur 316 - pour faire tomber la cheffe du gouvernement, ce qui n'est pas gagné.
"Malgré le brouhaha, l'arithmétique au Parlement n'a pas changé. Pour l'instant, les Brexiters purs et durs ne sont pas assez nombreux pour chasser May du pouvoir et ne peuvent pas imposer leur version préférée du Brexit à la Chambre des communes", souligne mardi le site Politico.
Theresa May n'est pas sauvée pour autant et d'autres démissions sont possibles.
C'est ce qu'ont assuré sous couvert d'anonymat des partisans du Brexit au quotidien The Guardian.
De son côté Simon Usherwood, chercheur à l'université du Surrey, "n'imagine pas d'autres démissions". Et même si les députés conservateurs "peuvent être tentés" de renverser Theresa May, son ou sa remplaçante "devra affronter les mêmes problèmes et faire des choix difficiles concernant le Brexit", souligne-t-il.
Il voit plutôt les frondeurs la laisser conduire le pays hors de l'UE en mars prochain, avant qu'elle soit remplacée en avril, juste après le Brexit.
Chaos
Mardi, la presse britannique est revenu sur la journée "chaotique" de lundi. Le tabloïd Daily Mail (pro-Brexit) disait "comprendre -et partager- la frustration des Brexiters" mais s'inquiétait des risques de déstabilisation du gouvernement en cette période critique pour le Royaume-Uni qui doit quitter l'UE dans moins de neuf mois.
Les négociateurs britanniques et européens, qui doivent reprendre les discussions la semaine prochaine, espèrent parvenir à un accord sur les conditions du retrait britannique de l'UE et convenir d'un plan pour les futures relations commerciales, lors du sommet de l'UE en octobre.
"En déstabilisant le gouvernement, les rebelles déstabilisent le Brexit lui-même. Préparez-vous à une sortie sans accord", prévient Nick Timothy, ancien conseiller de Theresa May dans les colonnes du Sun.
Seul The Telegraph (conservateur), ancien employeur de Boris Johnson, a défendu la décision du ministre et a appelé Theresa May à revoir sa stratégie.
Boris Johnson a démissionné alors que de nombreux rendez-vous internationaux de premier plan sont prévus cette semaine dont le sommet de l'Otan à Bruxelles mercredi et jeudi et la visite du président américain Donald Trump à Londres à partir de jeudi.
Il a été remplacé lundi soir par le ministre de la Santé Jeremy Hunt, 51 ans, qui avait soutenu le maintien du Royaume-Uni dans l'UE en 2016 avant de changer d'avis et de se rallier aux pro-Brexit. Pour Hunt, le moment est venu de montrer que le Royaume-Uni reste une "voix forte, confiante dans le monde".
Le ministre chargé du Brexit, David Davis, a, lui, été remplacé par Dominic Raab, un eurosceptique de 44 ans.
Avec le départ de Boris Johnson, le Kremlin a dit mardi espérer une "éclaircie politique", jugeant que l'apport de ce dernier à l'amélioration des relations entre Moscou et Londres avait été "très modeste".
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